Une école musulmane ?

Depuis des années déjà, la mosquée Khalil, à Molenbeek, collecte de l’argent pour construire une école musulmane.

La  » Ligue d’entraide islamique-Mosquée Al-Khalil  » souhaite transformer l’imposant pâté d’usine et de maisons dont elle est propriétaire, à Molenbeek-Saint-Jean, en un véritable village musulman : mosquée d’une capacité de 7 000 personnes, écoles primaire et secondaire pour environ 1 500 élèves, galerie commerçante, salle de sport et piscine, parking souterrain, bibliothèque et espaces de lecture et de conférence, crèche, infirmerie, salle mortuaire, etc. Le financement de ce projet ambitieux fait l’objet, depuis des années, d’un intense démarchage auprès des fidèles. La création de l’école Avicenne ne serait donc pas une surprise, même si, à ce stade, aucune autorisation ni même permis d’urbanisme n’ont été sollicités auprès de la Communauté française ou de la commune

L’interdiction du port du voile dans la grande majorité des écoles bruxelloises – sauf à Molenbeek – n’est qu’un prétexte. Comme à Lille ou à Lyon, en France, une partie de la communauté musulmane se mobilise en faveur de projets scolaires. Rien, sur le plan légal, ne l’interdit, sous réserve du respect de certaines conditions.  » On peut toutefois regretter que cette école ghetto s’ouvre dans un quartier où la diversité culturelle n’existe plus « , remarque Françoise Schepmans (MR), première échevine à Molenbeek.

Créée en 1986 par des travailleurs maghrébins et une organisation issue de la mouvance des Frères musulmans syriens (Talia), avec le soutien financier de l’Arabie saoudite, Khalil rayonne sur l’ensemble de la Belgique. Son principal responsable, Mohamed Touzjani – qui avait mené campagne contre la réforme du code de la famille marocain octroyant plus de droits aux femmes – vient d’être désigné par les autorités marocaines comme leur référent religieux en Belgique. Il remplace à cette fonction essentielle Hassan ben Seddik, membre d’une grande famille d’oulémas marocains. L’influence syrienne a cédé le pas à l’empreinte du Parti de la Justice et du Développement (PJD), parti islamiste proche du trône, dont sera issu, selon toute vraisemblance, le prochain Premier ministre marocain.

Khalil reste ainsi l’un des fers de lance de l’idéologie  » englobante  » des Frères : activités séparées pour les hommes et les femmes, création d’une nébuleuse d’associations dédiées à des publics musulmans particuliers, souhait d’occuper l’espace public, y compris les locaux communaux, par des activités ou signes religieux. Le projet Avicenne n’est qu’un des aspects de cette logique communautaire.

Marie-Cécile Royen

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