Photo de Bruno Barbey (1941 - 2020), une des grandes figures de Magnum, au Koweït, en 1991, au cours de la première guerre du Golfe. © BRUNO BARBEY/MAGNUM PHOTOS

Un siècle de conflits pour un monde meilleur…

Agence de presse photographique créée le 22 mai 1947 à New York, notamment par Robert Capa et Henri Cartier-Bresson, Magnum Photos contribue depuis plus de septante ans à façonner nos imaginaires collectifs. Ses reporters, spécialistes du « terrain », ramènent des documents des quatre coins du globe. Ceux-ci disent-ils la réalité ultime de notre monde? Certes non, les images en question sont partielles et de ce fait sujettes aux interprétations. Ce qui nous rappelle que personne ne peut prétendre s’en servir en vue de prononcer le fin mot du réel. C’est pour cela que l’on découvrira avec plaisir, mais non sans la distance critique nécessaire qui s’impose en pareil cas, l’exposition estivale de L’Orangerie, espace d’art contemporain à Bastogne. Déroulons d’abord le très éloquent titre complet de l’événement, soit Un siècle de conflits pour un monde meilleur… par le prisme des photographes de l’agence Magnum dans la collection Lhoist. Outre le fait qu’il ne s’agit que d’une sélection opérée par le journaliste Bernard Marcelis à partir d’un corpus composé de 500 tirages, issus de l’objectif de 45 photographes, appartenant au groupe belge – ce géant de la chaux connu pour son différend qui l’oppose aux moines de l’abbaye de Rochefort, on gardera également à l’esprit le coup de force idéologique implicite de l’intitulé. De fait, agencer de façon téléologique « un siècle de conflits » et « un monde meilleur » relève d’une foi toute hégélienne en la notion de progrès, voire de « croissance » pour le dire dans la novlangue entrepreneuriale. Face aux représentations frontales des différents conflits ayant secoué le XXe siècle, de la guerre d’Espagne aux répercussions du 11 septembre 2001, le visiteur peut tout aussi bien faire une expérience du vide en pensant que les clichés Magnum racontent un cycle désespérant, celui de l’éternel retour du chaos. Devant les yeux du regardeur se dessine alors une autre évidence, celle d’une existence absurde, c’est-à-dire sans but et inéluctable. Vessie ou lanterne, c’est vous qui voyez.

A L’Orangerie, à Bastogne, jusqu’au 22 août.

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