Olivier Adam signe le portrait d'un mari et d'un père désarmé et fragile. © belga image

Un père au combat

Dans Tout peut s’oublier, Olivier Adam creuse le sillon de la perte de l’être cher. Une histoire de rapt parental qui voit un père perdre pied face à la forteresse juridique et sociétale japonaise.

« Il n’avait rien vu venir. » Ce constat sur lui-même, Nathan le tire bien à regret. D’abord, sa séparation d’avec Claire, qui l’avait poussé à retourner à Kyoto, ville de refuge du couple alors défait. Sa rencontre avec Jun, superbe céramiste, qui se dit prête à le suivre en France pour s’installer avec lui. La naissance de Leo comme consécration de leur idylle franco-japonaise. Leur divorce qui, malgré tout, maintient la famille dans la même ville. « Visiblement, l’amour ne tenait pas longtemps avec lui. » Et enfin, cette disparition – un appartement vidé de toute vie, un atelier cédé à un autre artisan. Nathan n’y croit pas et pourtant il doit se rendre à l’évidence: Jun et Leo sont partis. On l’avait prévenu de cette épée de Damoclès, celle qui voit l’ex-conjoint(e) repartir au pays et ainsi s’évaporer tout espoir de garde partagée. Car au Japon, un seul parent, le national souvent, peut avoir autorité sur l’enfant. Ses amis, dans la même situation, l’avaient mis en garde.

Tout peut s'oublier, par Olivier Adam, Flamarion, 272 p.
Tout peut s’oublier, par Olivier Adam, Flamarion, 272 p.

Les multiples allers-retours vers le Japon, lorsque le détective privé recruté sur place semble avoir trouvé trace de la femme et l’enfant, confrontent Nathan au mur policier et judiciaire du Japon, un système accusatoire jugeant l’étranger d’office présumé coupable. Ses contacts avec une famille cherchant une soeur disparue et son amitié avec Lise, sa voisine, qui, elle aussi, a perdu un fils sont de fragiles soutiens d’un combat qui lui semble aussi absurde qu’ardu.

Depuis son premier livre, Je vais bien, ne t’en fais pas, Olivier Adam répète un schéma de la perte du proche, de son absence ou de son accessibilité soudaine. Le voyant ici creuser ce sillon qui lui est cher, on ne peut s’empêcher de penser que l’auteur est en zone de confort (la Bretagne en décor français dans Des vents contraires, le Japon et son côté obscur dans Le Coeur régulier). Son name-dropping agace parfois -Nathan programme dans le cinéma qu’il gère le catalogue parfait du cinéphile averti et s’autorise quelques piques envers un cinéma hexagonal un peu trop satisfait de lui-même. Toutefois, le romancier réussit le portrait d’un mari et d’un père désarmé et fragile, traversé par les questions essentielles qui le lient à sa descendance, interrogeant par la même occasion le fils et l’homme qu’il est et a été.

Un père au combat

Olivier Adam en poche

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