Un parfum de rose fanée

Les socialistes vivent douloureusement le réveil à gauche déclenché par la colère sociale de 1960-1961. L’adaptation restera difficile à vivre.

26 MARS 1961, l’appel des urnes donne des ailes aux socialistes. Dans l’opposition, le parti à la rose a livré une guerre sans merci contre le projet de  » loi unique  » et son père-porteur, le Premier ministre CVP Gaston Eyskens. En campagne, les socialistes pilonnent et ne ratent pas leur cible….

Willy Claes, 73 ans, SP, ancien ministre et secrétaire général de l’Otan, ex-président du BSP. Elu député pour la première fois en 1968.

 » Cette affiche réveille en moi beaucoup de souvenirs. Cette grande grève, cela a été mon baptême du feu de militant socialiste au Limbourg. Les partis y allaient fort en campagne électorale, mais c’était une période politiquement dure. A l’époque, on faisait de la politique de manière beaucoup plus franche, plus directe et plus transparente qu’aujourd’hui. Pas d’entourloupes : on désignait l’adversaire. Ce qui n’empêchait nullement le profond respect que j’éprouvais pour Gaston Eyskens. En 1975, sa photo trônait sur le bureau du président André Cools. C’était la seule. « 

Thierry Giet, 53 ans, président du PS depuis décembre 2011.

 » Tant le dessin que le message ont un côté violent, à l’image de l’actualité politique de l’époque. Cibler ainsi un adversaire politique serait impensable aujourd’hui. Le message est devenu plus lisse, plus politiquement correct. On est davantage dans le concept que dans la personnalisation.

C’est une affiche de colère. Si la lutte a été aussi dure, c’est parce qu’à cette époque, émerge l’impression que la Wallonie, qui amorce son déclin industriel, est lâchée. Il y a une prise de conscience chez certains, comme André Renard, que le monde financier désinvestit en Wallonie, et que l’on va vers la catastrophe. La note intitulée  » déficit « , qui émerge de la mallette de Gaston Eyskens ? C’est une indication de ce que nous assumons encore l’héritage de ces années 1960. Quelque part, ces années-là ont été le facteur déclenchant des cristallisations économiques et communautaires que l’on vit aujourd’hui. « 

23 MAI 1965, élections législatives au terme d’une législature normale. Les Golden Sixties brillent de leurs derniers feux. Les socialistes ne le savent toujours pas. Ou ne l’affichent pas encore. L’heure reste aux revendications, aux assauts de générosité en direction des moins favorisés.

Willy Claes.

 » Nostalgie, encore une fois. Le message était offensif. Pour moi, le socialisme n’est pas crédible quand le programme social n’est pas prioritaire, même en période de rigueur. Cette affiche, avec l’accent mis sur le troisième âge, illustre bien cette nécessité de garder le social tout en haut des priorités. En toutes circonstances. « 

Thierry Giet.

 » Je suis soufflé par l’actualité que conserve cette affiche, le graphisme mis à part. Comme président du PS, je pourrais sans difficulté donner mon aval à ce genre d’affiche. C’est la mise en valeur du rôle-moteur du PS dans les conquêtes sociales. Les Golden Sixties c’est le temps où le ton reste à l’offensive, où l’on peut adopter la position de conquérants. Parce que la croissance est encore là.

Aujourd’hui que la situation est difficile, le rôle de rempart prend le dessus. Ce qui n’empêche pas les socialistes de revendiquer toujours plus de justice fiscale. La lutte continue… « 

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