Un olivier, sur le sol… dépollué

Le nouveau ministre wallon Philippe Henry (Ecolo) s’apprête à faire un tri dans les sites à dépolluer et à réhabiliter.

Chimeuse est l’un des 37 sites pollués dont le précédent gouvernement wallon a confié l’assainissement à la Spaque dans le cadre du plan Marshall. Une enveloppe de 243 millions d’euros a été prévue, à laquelle vient s’ajouter une somme de 90 millions libérée par l’Union européenne. Par ailleurs existe aussi une liste de 142 sites d’activité économique à réhabiliter (SAR), a priori non pollués.

L’effort sera poursuivi, et même amplifié sous l’olivier, affirme Philippe Henry (Ecolo), nouveau ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, deux compétences auparavant exercées par Benoît Lutgen (CDH) et André Antoine (CDH) et aujourd’hui réunies, ce qui devrait permettre d’appliquer une même méthodologie, de rationaliser les contacts avec l’administration et de raccourcir la procédure de permis unique (qui couple les permis d’urbanisme et d’environnement).

 » Le premier travail, cela va être de définir la philosophie à adopter face à une multitude de dossiers très différents, explique le ministre. On a évoqué le nombre de 6 000 sites à rénover ! Et on sait qu’il y aura des difficultés budgétaires. « 

Hiérarchiser

Il va donc falloir faire le tri, et hiérarchiser, car à côté de grands sites pollués comme Chimeuse, Carcoke à Tertre ou les Glaceries Saint-Roch à Floreffe, on trouve parmi les 142 SAR une série de petits entrepôts, d’anciens cinémas ou théâtres, des gares, des fermes, des cafés, des magasins, des brasseries, un château d’eau (Perwez), un palais de justice (Arlon), des gendarmeries (Habay et Rendeux), une Maison du peuple (Calonne-Antoing), une maison du chef d’école (Brunehaut), un presbytère (Bléharies)…

La notion d’activité économique a vraiment été prise au sens large pour accéder aux subsides… Ce que n’avait pas manqué de dénoncer le rapport d’évaluation du plan Marshall présenté au printemps dernier.  » Le plan Marshall, pouvait-on lire, prend en charge des frais de démolition de très petits entrepôts pour quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros : l’opérateur privé qui exploitera ce site pourrait peut-être assumer ce coût dans un certain nombre de cas. « 

 » Mon objectif n’est pas de faire du chiffre, affirme Philippe Henry. La priorité doit évidemment aller aux sites qui représentent un danger pour la santé. Ensuite, il faudra veiller à traiter des lieux dont la réhabilitation représente un intérêt économique. Il vaut mieux reprendre des anciens terrains qu’installer de nouvelles zones d’activité sur des terres agricoles.  » C’est pourquoi les sites les plus grands seront favorisés, de même que ceux situés dans les villes ou à proximité. Des incitants fiscaux pourraient être accordés aux investisseurs qui décideraient de s’installer sur des sites dépollués.

Le travail, considérable, a été freiné par l’absence d’une législation wallonne spécifique, poursuit le ministre. Par défaut, ce sont alors les directives européennes qui sont d’application. Or celles-ci considèrent le sol comme un déchet, avec des procédures très lourdes. Le décret  » sol  » du ministre Lutgen, adopté en fin de législature, et qui devrait régler le problème, ne sera pas applicable avant deux ans.

Un bilan peu spectaculaire

Autre problème auquel le nouveau ministre compte s’attaquer, la multiplicité des acteurs : la Spaque pour les sites pollués, et, pour les autres, les communes, les CPAS, les intercommunales, les sociétés de logement public, la Sarsi (Brabant wallon), la Sorasi (Liège), l’ISSEP, Sowalfinal…

Les premières mesures de réhabilitation de sites désaffectés datent de 1967. Le bilan actuel des différentes campagnes est loin d’être spectaculaire. Pour la dernière, lancée 2004, 6 sites pollués sur 37 ont été traités, et une vingtaine désaffectés sur 142.

M.D.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire