» Un Léopold plutôt romantique « 

Reinout Goddyn, 47 ans, journaliste à VTM, est passionné par la figure de Léopold Ier. Un roi qui ne lui paraît pourtant  » pas très correct  » avec l’Histoire…

Le Vif/L’Express : Charlotte à Londres, Léopold de l’autre côté de la Manche… Ce fut difficile de rassembler la correspondance des tourtereaux ?

Reinout Goddyn : Un vrai travail de détective ! J’ai commencé par trouver, aux archives du palais royal, à Bruxelles, 34 lettres de la main de Charlotte. Bien conservées, mais d’une très vilaine écriture, quasi illisible. J’ai pu scanner ces documents pour les déchiffrer chez moi, à Bruges.

Et le jeu de piste vous mène à Londres…

Non. La correspondance contenait une multitude de personnages ! Pour cerner la relation de Léopold et de Charlotte, je me suis concentré sur Mercer Elphinstone, amie d’enfance de Charlotte. Mais les lettres de Mercer avaient été vendues par l’un des ses héritiers aux Archives nationales de Paris. C’est de là que j’ai rebondi vers la British Library, à Londres. Où le bibliothécaire m’a appris que j’étais le premier à vouloir consulter l’échange de courrier des deux jeunes femmes depuis la Seconde Guerre mondiale.

Leurs propos sont-ils éclairants pour l’Histoire ?

Oui, sur la personnalité de Léopold, surtout. A l’âge mûr, il s’est volontiers donné l’image d’un homme rationnel et froid. Il occulte ses passions. Les lettres qu’il a écrites à Charlotte, et qu’il a ensuite récupérées, ont aujourd’hui disparu. Les a-t-il brûlées ? Il est en réalité complètement fou de Charlotte, et il a beaucoup de mal à la conquérir. C’est ce qui transparaît des feuilles qu’il envoie à Mercer, qui sert alors d' » intermédiaire « . Charlotte, en revanche, n’en a rien à cirer…

Elle conclut donc un mariage de raison ?

C’est le meilleur moyen de quitter l’emprise de son père, George IV. Mais elle chérira quand même Léopold jusqu’à sa fatale maternité.

D’une première grossesse, qui tourne mal, on sait peu de chose…

Une fausse couche est évoquée par Léopold dans une lettre à sa s£ur aînée Sophie. On en trouve aussi mention dans le journal personnel du Dr Stockman. Mais cet événement est absolument tabou, à l’époque, dans la haute société anglaise.

A l’hiver 1817, une deuxième grossesse l’emporte. En a-t-on découvert les causes exactes ?

En 1960, un panel de médecins britanniques, qui se fondent sur les comptes rendus des témoins du drame, conclut à une embolie pulmonaire. Un nouveau rapport, paru en 2005, a pourtant revu ce diagnostic : Charlotte aurait succombé à une crise d’éclampsie, qui reste l’une des plus graves complications de l’accouchement.

Léopold se remet-il vite de cette fatalité ?

Après une profonde dépression, il  » papillonne  » un temps, avant d’épouser, en 1832, Louise-Marie, première reine des Belges. Il en aura quatre enfants, dont le futur Léopold II. Mais sa maîtresse Arcadie Claret, fille d’un officier bruxellois, engendre aussi deux fils, Arthur et Georges, dont la descendance subsiste jusqu’à nous. l

Entretien : V.C.

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