Même les princesses ont du vague à l’âme. Voilà comment on pourrait résumer ce roman de Tom Robbins, paru une première fois en 1981 sous le titre de Mickey le Rouge. L’édition d’aujourd’hui ne rétablit pas seulement le beau titre original, Nature morte avec pivert, elle propose une nouvelle traduction rendant grâce à la prose foutraque du grand Robbins. Soit, donc, une ancienne pom-pom girl reconvertie en princesse s’ennuyant dans une tour du côté de Seattle. Comme toutes les héroïnes de Robbins, elle va rencontrer un maître d’aventure – en l’occurrence, un beau hors-la-loi qui manie la dynamite comme des bâtonnets de mikado. Ensuite, à coups de métaphores acidulées, Robbins parsème le roman de ses ingrédients habituels : une grenouille, des pyramides, une société primitive et la rituelle pique contre le Finnegan’s Wake, de Joyce. La morale de l’histoire ? Il vaut mieux faire confiance aux cycles de la lune qu’aux lois des bureaucrates. Vous en apprendrez davantage avec ce roman initiatique qu’avec une palette de ces manuels du bonheur qui envahissent nos librairies. Et, surtout, vous rirez plus. Infiniment plus.
Nature morte avec pivert, par Tom Robbins, trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Hélène Dumas et revu par Anne-Sophie Savoureux. Gallmeister, 304 p.
J. D.