Un complexe commercial éco-construit

Inédit dans la distribution européenne, le concept de l’éco-construction a séduit le comptoir Caméléon, à Bruxelles. Une prouesse attrayante.

Depuis une vingtaine d’années, Caméléon s’est fait un nom dans le secteur de la vente privée (habillement, chaussures, accessoires). L’idée de base développée par Jean-Cédric van der Belen, fondateur et co-administrateur délégué était simple : offrir la possibilité à des marques prestigieuses du secteur de l’habillement de vendre leurs fins de séries. Au départ, l’expérience a été pensée pour des ventes en hôtels particuliers auprès de membres. Le succès a poussé les responsables à trouver de nouveaux espaces. Des bâtiments à Schaerbeek, Ixelles et Genval accueillaient jusqu’ici les membres.

Aujourd’hui, soutenu par la Région bruxelloise – via la SRIB (Société régionale d’investissement), la SDRB (développement régional) – et deux banques allemandes spécialisées dans les centres commerciaux, Caméléon peut accueillir sa clientèle dans un nouveau bâtiment de 8 000 m2, sur un terrain de 17 000 m2, situé à l’avenue Ariane, à Woluwe-Saint-Lambert.

En partenariat avec le bureau d’architecture Awaa et la spin-off Matriciel (bureau d’études et de conseils en architecture durable) de l’UCL, les patrons de Caméléon ont voulu associer le bon sens et la préoccupation écologique pour réaliser ce projet innovant, au coût global de 15 millions d’euros, dont 2 millions consacrés à l’environnement qui seront amortis en treize-quatorze ans.

 » Nous avons voulu un bâtiment s’intégrant dans un projet de ville, proche du citoyen, et dépassant le cadre de gadgets verts ; un bâtiment éco-construit « , explique Augustin Wigny, co-administrateur délégué. C’est une première en Europe qui accueille à présent les ventes du comptoir Caméléon (prochaines dates : du 29 avril au 10 mai).

Lorsqu’on pénètre dans ce nouveau magasin, le profane ne voit pas la complexité des nombreuses options écologiques. Pourtant, l’orientation même du bâtiment n’est déjà pas fortuite, car elle prend en compte, entre autres, le vents dominants et l’intensité lumineuse… A l’intérieur, l’utilisation de la lumière naturelle est améliorée grâce à des puits de lumière. Ceux-ci jouent aussi le rôle de cheminée pour la circulation de l’air. Le béton sandwich (contenant une couche isolante) et le double vitrage permettent d’éviter la déperdition de chaleur. Mieux : durant la nuit, le béton emmagasine la fraîcheur pour la renvoyer durant la journée afin de réduire la température dégagée par les visiteurs et les ampoules, dont l’intensité varie aussi en fonction de la luminosité extérieure et de la fréquentation.

Conséquemment, on a pu renoncer à la climatisation. Elle cède sa place à l’aération modulable. Panneaux solaires et chaudière à bois complètent l’arsenal utilisé pour ce bâtiment. Les matériaux et les bois de récupération permettent de réduire l’utilisation de mobilier et de structures coûteux.

Plus anecdotique, peut-être, la biodiversité n’est pas oubliée : des ruches sont placées sur le toit du bâtiment, des espèces d’arbustes ont été plantées pour conserver certains fruits et essences disparaissant doucement de nos contrées. Une crèche pouvant accueillir 39 enfants a été aussi construite tandis que le grand escalier d’entrée du magasin peut servir de gradins pour des spectacles.

En trente ans, les évolutions technologiques autant que la redéfinition de la manière de penser un bâtiment commercial permettront d’éviter l’émission de 7 250 tonnes de CO2.

DIDIER GROGNA

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire