Un bon cru séries

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

2014 nous a révélé quelques véritables perles. Mais ce fut également l’année de Netflix en Belgique, d’Amazon sur le marché séries et des fictions télé adaptées de films.

L’année commence fort. Le 12 janvier, la chaîne payante HBO diffuse le premier épisode de True Detective, grosse claque après une année 2013 pauvrette au niveau séries. Matthew McConaughey et Woody Harrelson, tous deux magistraux, y jouaient deux flics aux caractères antagonistes emmêlés dans une sombre histoire de meurtre virtuel.

Entre flashbacks fascinants, poussées de sève philosophique et mise en scène virtuose, True Detective entrait instantanément dans le panthéon de ce que la télé a produit de mieux en fiction ces dernières années. La deuxième saison changera les personnages, les acteurs et les contextes. A voir, donc, si la qualité restera à niveau.

Mais si l’on ajoute les superbes Fargo, The Affair, The Honourable Woman, Olive Kitteridge ou même le P’tit Quinquin de Bruno Dumont, l’année séries aura été plutôt riche. Au rayon des grosses déceptions, on pointera néanmoins Gotham, dont on attendait probablement trop. Pour le reste des nouveautés, que ce soit The Leftovers, The Knick, Silicon Valley, Extant ou Helix, on vous laisse vous faire votre idée…

Février

Netflix n’est pas l’unique opérateur Internet à s’être engouffré dans le magasin de séries. Amazon, le géant de la distribution en ligne, s’est fait la même réflexion : tant qu’à proposer les fictions des autres sur notre plate-forme, pourquoi ne pas créer nos propres séries (et films, si affinités) ?

A la différence de Netflix, qui en amont collecte tellement d’infos sur les goûts de ses abonnés qu’il peut lancer une saison complète (House of Cards par exemple) sans gros risques, Amazon procède par teasing: il proposait ainsi en février 2014 une brochette de pilotes qui furent plébiscités ou non par ses clients. C’est ce qui a permis à Transparent de bénéficier d’une saison complète, mise en ligne en septembre. Plombée par quelques tics du cinéma indie américain, cette chronique familiale axée sur un père qui souhaite devenir une femme ne manque cependant pas de qualités.

Avril

Si avec True Detective, 2014 rappelait qu’il était encore possible de réinventer la fiction télé, Fargo allait enfoncer le clou. Le 15 avril, la chaîne FX lançait en effet le premier des dix épisodes d’un nouvel ovni directement inspiré par l’hilarant film éponyme des frères Coen. Dans cette version télé, un tueur en série atypique (fantastique Billy Bob Thornton) sème la pagaille dans une petite ville enneigée de l’Amérique profonde. Croustillante et ingénieuse, cette relecture signée Noah Hawley s’inscrit dans une tendance si pas neuve, du moins fort à l’ordre du jour ces derniers temps : adapter des films en séries. On pense à Sleepy Hollow, Une nuit en enfer, Gotham ou, prochainement, Scream, Ghost, Shutter Island et L’armée des 12 singes qui devraient davantage encore confirmer qu’entre cinéma et séries, les frontières sont désormais absolument poreuses. Dans les deux sens.

Septembre

Assurément le mois de Netflix. L’opérateur américain de vidéos à la demande débarquait enfin dans nos plates contrées (et dans cinq autres pays européens), après avoir joué à cache-cache avec les journalistes pendant de très longues semaines. Verdict ? Une utilisation particulièrement agréable, voire addictive, soutenue par un prix assez modique (entre huit et douze euros par mois), mais pour un catalogue assez faiblard. Seules quelques séries maisons ou inédites (Fargo par exemple) donnent le change en termes de nouveautés. Les films, pour la plupart, n’ont d’intérêt que si on veut les revoir – ce qui peut se révéler plaisant pour les Fight Club, L.A. Confidential ou Heat. Netflix part en effet du principe qu’un titre bien mis en valeur, aussi daté soit-il, a plus de chance de satisfaire le public qu’une nouveauté trop chère ou difficilement accessible. D’après une récente enquête de Digital TV Research, le service aurait bien démarré ici. Reste que, comme ironisait Jérôme Colin sur les ondes de La Première :  » La personne qui est chargée d’ajouter des films au catalogue de Netflix en Belgique est sûrement en vacances depuis septembre…  »

GUY VERSTRAETEN

Entre cinéma et séries, les frontières sont désormais absolument poreuses. Dans les deux sens

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