Dans Le Destin de l’Europe, une sensation de déjà vu (Premier Parallèle, 158 p.), le politologue bulgare Ivan Krastev ausculte l’Union européenne avec le regard d’un Européen de l’Est qui a fait » l’expérience de la fin soudaine et non violente d’un monde (l’URSS) dont nous étions convaincus qu’il était intangible « . Pour la préserver de ce destin, il rappelle quelques réalités aux Européens. » Le modèle politique de l’Union, bien qu’admirable, est peu susceptible de s’universaliser, et même d’être adopté par ses voisins immédiats. » D’ailleurs, » pour de plus en plus de gens, l’idée du changement est synonyme de changement de pays et non de changement de gouvernement « . Et s’il y a dix ans, dans l’idée de » destruction créatrice » inhérente à la globalisation, nous préférions porter notre attention sur l’adjectif » créatrice « , aujourd’hui, nous la portons sur le mot » destruction « . Constats douloureux qu’alourdit encore la conviction de l’auteur que » les vagues migratoires ont provoqué une renationalisation de la politique et une résurrection concomitante de la ligne de partage Est-Ouest » et que » les migrants sont ces acteurs de l’histoire qui décideront du sort du libéralisme européen « . Pour Ivan Krastev, » la révolte contre l’hypocrisie des élites libérales (à savoir leurs réticences à se confronter aux conséquences des vagues migratoires) est en train de refaçonner, de façon tout à fait fondamentale, le paysage politique de l’Europe « . Bien qu’exagérément pessimiste, le diagnostic du docteur Krastev est utile pour espérer fédérer les 27 Etats de l’Union autour d’une ambition commune.

Un avertissement salutaire à l’Europe
29-11-2017, 20:00
Mise à jour le: 07-12-2020, 18:22
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