Un autiste contre le Pentagone

Ce hacker anglais s’intéressait aux ordinateurs de la Nasa et de l’US Army. Depuis 2001, Washington veut le faire extrader et le juger malgré sa fragilité mentale.

Que faire de Gary McKinnon ? Voilà plus de sept ans que le cas de cet étrange informaticien londonien embarrasse les autorités britanniques, qui doivent décider s’il convient de l’extrader vers les Etats-Unis. Passionné d’informatique et obsédé par les extraterrestres, Gary McKinnon, 42 ans, est accusé d’avoir piraté une centaine d’ordinateurs américains dans les semaines suivant l’attentat du 11 septembre 2001, notamment ceux du Pentagone et de la Nasa. Arrêté par Scotland Yard en 2002 puis remis en liberté quelques jours plus tard, il n’est pas poursuivi en Grande-Bretagne, mais tente depuis d’échapper à l’extradition vers Washington, où il risque une peine de soixante-dix ans de prison.

Gary est ce qu’on pourrait appeler un excentrique dans la plus pure tradition anglaise. Les experts psychiatres ont diagnostiqué chez lui un syndrome d’Asperger, une sorte d’autisme atténué. L’individu a ainsi expliqué aux enquêteurs qu’il cherchait des informations sur les extraterrestres lorsqu’il s’est introduit dans les ordinateurs du gouvernement américain, persuadé que ce dernier détient des preuves de leur existence… C’est en essayant de télécharger une vieille photo en noir et blanc dans l’ordinateur du centre de contrôle de la Nasa qu’il s’est fait prendre – il croyait avoir reconnu un ovni. Son identification n’a d’ailleurs posé aucun problème aux policiers : il utilisait sa propre adresse e-mail.

Une brochette de vedettes mobilisées

Malgré l’aspect disproportionné de la sentence qu’il encourt, le pirate a été débouté par tous les tribunaux devant lesquels il a fait appel, y compris par la Chambre des lords et la Cour européenne des droits de l’homme. En février dernier, le Home Office (ministère de l’Intérieur) a décidé de se conformer à un traité controversé qui permet aux suspects britanniques d’être remis à la justice américaine. Le 10 juin, les juges de la Haute Cour, la plus haute instance judiciaire anglaise, étaient appelés à se prononcer définitivement sur cette décision : ils ont finalement choisi de réserver leur jugement  » à une date ultérieure « .

Gary bénéficie encore une fois d’un sursis, mais celui-ci pourrait n’être que de courte durée. A moins que l’avocat Edward Fitzgerald, le ténor du barreau londonien qui a récemment accepté de prendre sa défense en invoquant sa fragilité mentale, ne parvienne in extremis à amadouer les magistrats. En attendant de connaître l’issue de la procédure, l’affaire mobilise une brochette de vedettes du show-business et de la politique britannique… Le chanteur Sting, David Gilmour, le guitariste des Pink Floyd, l’actrice Julie Christie, l’ancien otage du Hezbollah Terry Waite et même Boris Johnson, le maire de Londres, demandent que l’affaire soit jugée sur leur sol.

gilbert charles

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