TRANSSEXUELS

Depuis l’Antiquité, on sait que certaines personnes se sentent mal dans leur sexe et souhaitent en changer. Depuis le début des années 50, la médecine est capable de répondre aux demandes d' »adultes biologiquement normaux mais convaincus d’appartenir à l’autre sexe et qui demandent dès lors une intervention chirurgicale et endocrinienne. » Ces opérations destinées aux transsexuels restent cependant très critiquées, en particulier par les psychanalystes. Ils dénoncent les risques de suicides qui y sont liés ou leur reprochent de mener à une psychose. Pourtant, les demandes de transformation ne sont pas rares : selon une étude réalisée aux Pays-Bas, en 1988, 1 homme sur 18 000 la réclame et 1 femme sur 54 000. Depuis cette date, il semble cependant qu’autant de femmes que d’hommes frappent aux portes des chirurgiens.

Pour répondre aux critiques qui entourent ces transformations, une étude réalisée actuellement à l’université de Liège se penche sur les conséquences psychiques observées après des changements de sexe. « Comme dans d’autres centres, toute demande de changement de sexe effectuée par une personne fait d’abord l’objet d’une prise en charge par une équipe pluridisciplinaire pendant une durée de six mois à un an. Lorsque le diagnostic de transsexualisme est bien posé (ce qui exclut, par exemple, la présence d’une maladie mentale), le patient est confronté aux conséquences de sa demande de changement, afin de le préparer aux transformations à venir, explique Aude Michel, psychologue à l’ULg. Ensuite, il suit une hormonothérapie. Cette étape, qui dure un an, se déroule parallèlement au suivi psychologique ou psychiatrique. Enfin, la phase de correction anatomique est effectuée. De surcroît, un suivi thérapeutique est mis en place lors des deux années suivantes. »

Une étude réalisée actuellement auprès de 14 de ces transsexuels confirme qu’en dépit des difficultés rencontrées très peu regrettent leur choix. D’autre part, sur le plan psychique, « l’étude montre que 10 des patients ont vu disparaître ce qu’on appelle le syndrome de Blanche-Neige, classique chez les transsexuels. Il se traduit, entre autres, par une passivité et une dépendance à autrui et une fuite dans l’imaginaire. Après l’intervention chirurgicale, les patients commencent enfin à être capables de mettre en oeuvre un processus d’introspection, d’auto-examen, ce qui n’était pas le cas auparavant. Enfin, de manière générale, nous n’avons noté aucune désorganisation psychique grave chez ces personnes. » Le signe que, pour les personnes sélectionnées et suivies par une équipe pluridisciplinaire, le changement de sexe peut être une réussite?

(1) Cette étude a fait l’objet d’une communication lors du 6e Congrès de la Société des sexologues universitaires de Belgique, le 3 février.

P.G.

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