« Tout sera crypto demain et après-demain, même l’euro. »

Marc Toledo, cofondateur et directeur financier de bit4you, première plateforme belge d’échange de cryptoactifs, croit dur comme fer à la marche triomphale de la cryptomonnaie, qu’aucun vent boursier contraire ne pourra entraver.

Les Bourses dépriment: la faute à Poutine ou plutôt à une « hype bitcoin » exagérée?

Tous les actifs exposés à des risques sont affectés. Les tensions géopolitiques liées à la question ukrainienne font tout tanguer, les paquebots comme les petites embarcations. La pression sur les taux d’intérêt joue aussi un rôle majeur, avec la volonté de la Réserve fédérale américaine de relever ses taux directeurs afin de faire baisser l’inflation. Autant de facteurs poussant les investisseurs à « dérisquer ».

Ce n’est donc pas le début de la fin durable d’une ruée vers les cryptomonnaies?

Non, loin de là. Le marché des crypto- actifs est d’ailleurs déjà en train de reprendre du poil de la bête ; on voit que les gros portefeuilles ne bougent pas et sont occupés à racheter la peur des autres, des impatients de vendre. Ce n’est pas la première correction boursière que connaît le bitcoin. Quand la demande est bien plus forte que l’offre, les prix ont mécaniquement tendance à augmenter. Rien que de très classique.

Mais que leur trouve-t-on de tellement séduisant, à ces cryptomonnaies?

La rareté. Alors que l’on peut imprimer du papier monnaie autant qu’on le veut et que beaucoup d’argent est ainsi injecté dans l’économie, de l’argent manipulé par des banques centrales dirigées par des non-élus, le bitcoin, lui, est un crypto- actif recherché, car disponible en quantités limitées à vingt-et-un millions d’unités. Son concepteur (NDLR: Satoshi Nakamoto) a voulu de cette manière organiser sa rareté. Il s’agissait, en réaction à la crise des subprimes à l’origine de la crise financière de 2008, de fonder un instrument d’échange indépendant des banques centrales et des autorités monétaires. Les monnaies locales en circulation un peu partout participent de la même philosophie. Un gros atout de la cryptomonnaie est la désintermédiation qui fait gagner beaucoup de temps.

Le côté glauque des cryptomonnaies recouvre tout ce qui est lié à l’anonymat qui est en train de disparaître.

Il faut y croire pour en vouloir…

Cet actif découplé de l’économie dépend, en effet, entièrement de la confiance collective. Il n’y a rien derrière la cryptomonnaie, à part de la confiance, à l’instar de ce qui se passe sur le marché des oeuvres d’art. Beaucoup de gens en quête de rendement ont compris que le bitcoin pouvait être utilisé comme instrument de stockage de valeur, pouvait être un investissement intéressant dans une stratégie de diversification d’un patrimoine.

Les autorités monétaires sont loin de pousser à la consommation. Le procès fait aux cryptomonnaies est-il injuste?

Ces autorités ont tout à fait raison de vouloir protéger le consommateur exposé à un actif d’une certaine volatilité. Cela nécessite un peu d’éducation. Je suis demandeur d’une régulation, d’une clarification et d’une taxation correcte des cryptomonnaies.

L’appellation même, « crypto », dégage un côté sulfureux, clandestin…

A ses débuts, Internet « était pour les voleurs ou les pédophiles », disait-on. On voit ce qu’il est devenu aujourd’hui. Le côté glauque des cryptomonnaies recouvre tout ce qui est lié à l’anonymat, qui est en train de disparaître. Dans la crypto, tout reste tracé à vie, sécurisé par une formule mathématique de cryptographie, c’est une garantie de sérieux. La présence de radars sur les autoroutes vous incite à adapter votre vitesse, à faire attention. En matière de cryptomonnaie, un système de radars est en train de s’installer, à l’image de la plateforme d’échange de cryptomonnaie bit4you.

La cryptomonnaie sera-t-elle la monnaie du futur?

C’est certain. Tout sera crypto demain et après-demain, même l’euro sera une cryptomonnaie. Le métavers (NDLR: un monde virtuel collaboratif) est en train de se développer d’une manière phénoménale, il est de la responsabilité des dirigeants de regarder ce qui se passe et, dans ce domaine, l’Europe a pris beaucoup de retard.

Une marche arrière est-elle encore possible?

On peut toujours essayer d’exporter des pendentifs agrémentés d’un morceau de charbon…

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