Témoignage:  » À nouveau maître de mon destin « 

« Mon envie de mourir est présente depuis l’âge de 8 ans », raconte Els, 62 ans. Sa vie et son parcours dans les soins de santé mentale se sont construits autour d’une pensée récurrente: je ne vaux rien, tout est ma faute.

Cette pensée « autostigmatisante » résulte d’abus subis pendant son enfance. « J’ai vécu une jeunesse traumatisante. Pour quitter la maison le plus rapidement possible, j’ai épousé le premier homme qui voulait de moi. Je n’ai jamais appris à dire non. Cela m’a menée à 7 grossesses, deux avortements, et 4 enfants non désirés que j’aime énormément! »

L’euthanasie comme dernière issue

« Lors de mes hospitalisations en psychiatrie, personne ne me comprenait et j’avais souvent l’impression d’être une enfant désobéissante. Lorsque je brossais une séance de thérapie, on m’interdisait de rentrer chez moi le week-end. Les traitements pour les angoisses ou dépressions n’ont rien donné. Mon désir de mourir n’était pas entendu et ne faisait que croître. Je suis devenue suicidaire mais mes enfants voulaient m’épargner un suicide. Après de nouveaux coups durs fin 2018, l’euthanasie m’apparaissait comme la dernière issue digne. »

Els a fait la connaissance d’Ann Callebert par ses livres sur l’euthanasie: « Pour la première fois de ma vie je me suis sentie comprise. Le sentiment de ne pas être seule et une faible lueur d’espoir m’ont conduite dans son groupe de soutien. Avec un double ressenti: d’une part le groupe me servait de bouée, d’autre part, je continuais à vouloir mourir. Je ne voulais pas me laisser embobiner par un énième traitement déguisé en compréhension. »

Libération

Cette réticence initiale s’est avérée inutile. « Dans le groupe de soutien, on peut parler de son désir de mourir. Le fait que tous les participants sont confrontés à ce même souhait d’en finir a été libérateur, mais en même temps cela nous a soudés. Il y a de la place pour chaque histoire, pour la souffrance profonde de chaque participant. Sans directement passer aux solutions. Mais nous répertorions ensemble nos besoins et nos ressources. Qu’est-ce qui me tient en vie? Chez moi, cela a été la garde de ma petite-fille. Même si tous les autres jours sont noirs, la journée où Linde est chez moi donne un sens à ma vie. »

« Ann Callebert et le médecin-conseil m’ont permis de réfléchir plus en profondeur à mon désir de mourir. Depuis peu, je me rends compte que je ne veux peut-être pas vraiment mourir, mais que je ne veux plus vivre dans tant de souffrance et d’angoisse. Le groupe de soutien m’aide à envisager une vie qui soit plus supportable. J’ai repris les rênes de ma vie. Le sentiment d’être à nouveau maître de son destin vous redonne de la force. C’est le principal! »

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