TAXER LE LIVRET D’ÉPARGNE : KOEN GEENS L’A-T-IL DIT OU NON ?

 » J’ai simplement dit qu’il s’agissait d’une idée de la Banque nationale « , a lourdement insisté le ministre des Finances, ce lundi 13 mai sur l’antenne de Bel-RTL. Deux jours plus tôt, dans une interview au Standaard, Koen Geens (CD&V) évoquait l' » idée  » de mettre fin à l’exonération de précompte dont bénéficient les livrets d’épargne en Belgique (lire aussi page 14). Le récent successeur de Steve Vanackere a ainsi suscité, pendant tout le week-end, une levée de boucliers des autres partis de la majorité. Effectuant une courbe rentrante, il a donc ensuite démenti avoir jamais parlé d’un projet et il a tout mis sur le dos de la BNB.

Vrai. Koen Geens n’a jamais parlé spécifiquement de  » projet  » dans ses déclarations au Standaard ni ailleurs. En affirmant au quotidien flamand que  » l’épargne actuellement versée sur les livrets dans les banques est trop subsidiée « , il paraphrase la Banque nationale. Idem lorsqu’il ajoute que  » nous pourrions [et non  » nous devrions « , comme plusieurs titres de presse francophones ont traduit] supprimer l’exonération de précompte mobilier sur le livret d’épargne et fixer à 15 % le précompte sur le livret classique « . Encore une idée de la BNB.

Mais… Le ministre des Finances joue avec les mots. Dans son entretien au Standaard, il semble être la marionnette marmonnant la voix du ventriloque Luc Coene, le gouverneur de la Banque nationale, qui prône ouvertement la suppression de la fameuse exonération. Il ne donne pas seulement l’impression d’évoquer l’idée de la BNB mais aussi de la défendre, dévoilant ainsi son intention politique. A l’évidence, Koen et Coene sont sur le même bateau. Mais l’un des deux est tombé à l’eau. Koen (Geens) a-t-il voulu se mouiller ? Ou bien a-t-il glissé sur le pont ? Ballon d’essai ? Ou véritable couac ? Pas certain que l’interviewé du samedi s’attendait à une telle réaction de ses partenaires gouvernementaux qui, dans le climat préélectoral actuel, n’ont pas hésité à le flinguer. En même temps, ni lui ni ses conseillers ne sont naïfs.

Curieusement, la politique du ballon d’essai pose aussi problème en France où les sorties  » perso  » des ministres du président Hollande font désordre. Dans l’Hexagone, les commentateurs politiques s’accordent à dire que cette pathologie de l’hyper-communication à l’ère de la démocratie instantanée s’apparente plus à du bricolage qu’à une véritable stratégie. Même diagnostic pour Koen Geens ? L’homme est brillant et plus fonceur que Vanackere. Mais avoir raison trop tôt est risqué en politique…

Thierry Denoël

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire