Stars appliquées

Mathieu Nguyen

Déco, design et autres arts appliqués ont la cote auprès des célébrités… Trop-plein de créativité ou hobby de people désoeuvrés ?

Les actrices-chanteuses, les rappeurs-stylistes, les vedettes ambassadrices pour l’ONU, c’est du déjà-vu. Par contre, quand les habitués du papier glacé ont le crayon qui démange et se mettent à dessiner des meubles ou des accessoires d’intérieur, on tique un peu. Bien sûr, tout dépend du profil, car si l’on imagine sans peine Jane Seymour se passionner pour le mobilier cossu, on reste vaguement perplexe quand Puff Daddy étend sa marque Sean John au linge de maison, proposant désormais de beaux draps de lit 100 % coton. Avec la même ambition de rendre leur division Home plus glamour, certaines chaînes de magasins américaines ont récemment décidé de s’associer à des célébrités, comme JC Penney et Cindy Crawford, Macy’s et Eva Mendes ou encore Kmart et Sofia Vergara. Quant à savoir quelle part active ces sculpturales partenaires ont pu prendre dans la réalisation des différentes collections, tous les doutes sont permis.

Les vraies surprises de l’année 2012 ne sont pourtant pas à chercher du côté de la grande distribution mais plutôt des éditeurs et designers établis, qui ont répondu favorablement à l’appel du pied de personnalités du showbiz et évoquent généralement des  » sensibilités convergentes  » plutôt qu’un virage strass et paillettes. Au printemps dernier, l’une des principales attractions du Salon de Milan était la visite de Lenny Kravitz, venu présenter sa réinterprétation de la chaise Mademoiselle, créée par son pote Philippe Starck. Si l’intérêt du beau Lenny pour le design n’est pas neuf – en témoigne la fondation de son propre studio, Kravitz Design, en 2003 -, sa pige pour un label aussi prestigieux que Kartell en étonna plus d’un. Quelques semaines plus tard, une autre star de la chanson tentait l’aventure d’une collection d’intérieur. Associé à la décoratrice du tout-Hollywood Estee Stanley, Justin Timberlake lançait HomeMint : accessoires d’ameublement, photos d’art et bibelots ethniques, sagement déclinés en quatre thèmes – l’Artiste, le Moderniste, le Classiciste et le Vagabond. Toujours à l’affût des dernières tendances, le chanteur-producteur-acteur-mannequin-styliste a voulu ajouter une corde à son arc, qui prend tout doucement des airs de lyre, et gratifie ses clients de recommandations personnalisées et de pensées d’une profondeur abyssale comme  » votre maison doit refléter votre personnalité « . Merci du conseil.

Tout cela aurait presque pu rester anecdotique si une autre collaboration n’était pas venue secouer la planète people : cette fois, c’est Brad Pitt himself qui signe sa ligne de mobilier. Et comme ses prédécesseurs, notre apprenti-designer place son travail sous l’égide d’un aîné chevronné, Frank Pollaro. Collectionneur de meubles et amateur d’architecture, Brad Pitt a donc enfin laissé libre cours à son amour pour l’Art déco, à grand renfort de bois exotique et de métaux précieux. Sa gamme comprend notamment des tables au piètement géométrique, un lit démesuré et une baignoire en marbre pour deux, le tout en série ultra-limitée réservée aux clients fortunés. Coup de marketing, lubie passagère ou réelle reconversion ? Si cette douzaine de pièces a été accueillie avec un regard bienveillant et quelques réserves polies de la part des professionnels de l’industrie, l’exercice ne sera sans doute pas suffisant pour que le sex-symbol philanthrope abandonne sa carrière cinématographique. La vraie question serait plutôt, après Kravitz, Timberlake et Pitt,  » à qui le tour ?  » Réponse très bientôt, pour le meilleur et pour le pire.

Mathieu Nguyen

Brad Pitt a laissé libre cours à son amour pour l’Art déco.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire