SHAKESPEARE DE A À Z

Aujourd’hui, c’est au Barde que revient l’honneur d’un Dictionnaire amoureux. Dans une collection qui permet de passer un sujet au crible tout en offrant une forme aérée, où l’on se crée son propre parcours.

D' » Abécédaire  » à  » Zigzag(s) « , les centaines d’entrées compilées par François Laroque, professeur de littérature anglaise à la Sorbonne-Nouvelle, offrent une vue détaillée de la vie et de l’oeuvre de ce fils de gantier devenu un des pères de la langue anglaise et un des dramaturges les plus célèbres de l’histoire. Un parcours si singulier et une production si riche et variée que certains ont refusé de croire que Shakespeare a vraiment existé et écrit tout cela. Comme on peut le lire à  » Anti-Strafordiens « , il existe une soixantaine de théories alternatives à la paternité de Shakespeare sur ses oeuvres.

Au fil de ce dictionnaire solidement étayé, on en apprend évidemment beaucoup sur les pièces, des Deux Gentilshommes de Vérone (1590) à La Tempête (1611), les grands personnages et le contexte socio-politique et artistique où évoluait Shakespeare. Les auteurs dont il s’est largement inspiré, de Sénèque à Montaigne, ont droit aussi à une  » déclaration d’amour « , tout comme certains grands créateurs qu’il a à son tour nourris, que ce soit dans la littérature, au théâtre, en musique ou au cinéma (Stendhal, Berlioz, Gounod, Peter Brook, Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau, Orson Welles, Franco Zeffirelli…).

En fin connaisseur des textes originaux de Shakespeare, François Laroque ne manque pas de souligner le piquant de sa langue, sa polysémie grivoise. Le chapitre  » Braguette  » renseigne notamment qu’un passage parlant de cosse de pois dans Comme il vous plaira  » est en réalité chargé de sous-entendus obscènes « . Sous  » Blason  » sont détaillées les connotations phalliques des répliques de Mercutio dans Roméo et Juliette. Les entrées  » Motley « ,  » Nèfle  » ou encore  » Nothing  » démontrent elles aussi que le Barde pouvait être aussi graveleux qu’une comédie des frères Farrelly.  » Ils sont innombrables dans le théâtre comme dans les sonnets de Shakespeare, tour à tour savants, brillants, indécents, obscènes mais toujours révélateurs « , écrit François Laroque sous  » Jeu(x) de mots « . Ce qui explique la difficulté de traduire Shakespeare sans le trahir.  » Le traducteur, déjà confronté à un appauvrissement quantitatif du lexique, doit souvent tenter de répondre à des défis qui ne trouvent quasiment jamais de solution simple.  » Dans la forme comme dans le fond, Shakespeare demeure inépuisable. Un dictionnaire entier ne suffit pas pour en faire le tour. Il donne en revanche envie de se replonger dans l’oeuvre, encore et encore.

Dictionnaire amoureux de Shakespeare, par François Laroque, éd. Plon, 800 p.

PAR ESTELLE SPOTO

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire