Sarkozy Le président s’est (un peu) enrichi

Sarkozy, Hollande, Bayrou, Le Pen, Mélenchon… : Le Vif/L’Express a mené l’enquête sur le patrimoine des prétendants à l’Elysée.

Depuis son entrée à l’Elysée, en 2007, le patrimoine du chef de l’Etat a augmenté. Il reste associé d’un cabinet d’avocats dont la structure financière a été réorganisée en 2010.

Cest à la fois une obligation démocratique et un rituel républicain. Lors de son entrée en fonction, le président élu rend publique sa  » déclaration de situation patrimoniale « , sous l’égide du Conseil constitutionnel. A la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy fera de même.

Mais cette formalité pourrait réserver des surprises. Jamais en effet, sous la Ve République, la vie d’un chef de l’Etat n’aura été tant chamboulée, au gré des bouleversements privés. Nicolas Sarkozy est entré à l’Elysée marié, en mai 2007. Il a divorcé en octobre 2007, s’est remarié en février 2008 puis est devenu à nouveau père en octobre 2011.

Le Vif/L’Express a interrogé le candidat UMP sur ses revenus, son patrimoine, le paiement de ses impôts et l’activité de son cabinet d’avocats. La transparence intégrale n’est pas encore à l’ordre du jour. Nicolas Sarkozy n’a répondu qu’à deux de nos questions : le montant de son traitement et celui de son patrimoine global. Il estime ce dernier à  » 2,3 millions d’euros « , sans en dévoiler le contenu.  » Le chef de l’Etat aura l’occasion de le détailler entre le 6 mars et le 6 avril, en tant que président sortant et candidat à l’élection « , indique Franck Louvrier, son conseiller en communication. Information inédite : le patrimoine du président aurait donc légèrement augmenté par rapport à 2007 : il était alors de l’ordre de 2, 143 millions d’euros. Selon toute vraisemblance, Nicolas Sarkozy reste assujetti à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dont le seuil de déclenchement est actuellement de 1,3 million d’euros.

La valeur de ses biens a été affectée par son divorce d’avec Cécilia Sarkozy. L’appartement acheté en commun, en 1997, pour l’équivalent de 823 225 euros sur l’Ile de la Jatte, à Neuilly-sur-Seine, avait été revendu dès 2006. Ce duplex de plus de 200 mètres carrés face à la Seine s’était alors bien négocié, atteignant plus du double de sa valeur d’achat, soit 1 933 130 euros. Leur argent avait alors été placé dans des contrats d’assurance-vie, totalisant 2 042 166 euros, et dans des comptes en banque ouverts au nom du couple et des trois enfants de Sarkozy, pour un total de 95 948 euros. Mais ces sommes auraient été réparties entre ex-époux lors du divorce. Nicolas Sarkozy aurait, par ailleurs, participé à l’achat d’un appartement pour l’une des filles de Cécilia.

En revanche, ses revenus, confortables, ont peu varié depuis 2007. A peine élu, le président a augmenté son traitement de près deà 170 %, pour l’aligner sur celui du Premier ministre. Les 6 806 euros brut perçus en tant que chef de l’Etat par Jacques Chirac, passent alors à 18 700 euros brut (hors indemnités) à partir de 2008.

Désormais, Nicolas Sarkozy loge, le plus souvent, chez son épouse, Carla, au fond d’une paisible allée du XVIe arrondissement, dans une maison située dans un cadre exceptionnel, louée par la chanteuse à des notaires de province. Le couple, marié sous le régime de la communauté de biens réduite aux acquêts, ne dispose d’aucun patrimoine commun.

Toujours inscrit au barreau de Paris

Depuis 1987, Nicolas Sarkozy possède aussi des parts dans un cabinet d’avocats spécialisé dans l’immobilier, créé avec son ami Arnaud Claude. Il en détient 34 %. A son entrée au gouvernement, en 2002, il a mis entre parenthèses son métier d’avocat. Me Sarkozy reste pourtant inscrit au barreau de Paris, où il a prêté serment le 16 septembre 1981, sous le numéro de toque R175. Le chef de l’Etat est présent dans la gestion du cabinet, qui dégageait 2,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010.

Les procès-verbaux de deux assemblées générales, le lundi 23 février 2009, puis un an plus tard, le lundi 22 février 2010, portent le paraphe du président. Ce jour-là, il recevait à l’Elysée Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne. Deux augmentations de capital, destinées à réinvestir les bénéfices de la société, étaient à l’ordre du jour.

Plus étonnant : le cabinet vient de connaître une modification majeure : en décembre 2010, ses titres sont rachetés par un holding, la CSC (pour Arnaud Claude-Nicolas Sarkozy-Christofer Claude). Le président de la République détient 136 actions sur 400 de cette nouvelle entité. Pourquoi avoir fait le choix d’une nouvelle structure, chapeautant désormais la première ?  » Ce type d’opération permet notamment aux actionnaires de la première société de vendre leurs titres et de dégager ainsi leur plus-value. Une opération réalisée très judicieusement juste avant l’augmentation du taux d’imposition sur les plus-values « , note l’avocate fiscaliste Christiane Richard.

ERIC PELLETIER ET JEAN-MARIE PONTAUT

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