Rudy Aernoudt  » Je n’ai rien contre le populisme ! « 

L’ancien patron de l’administration flamande l’avoue enfin : oui, il se lance en politique et crée un nouveau parti. Pas, dit-il, pour piquer des voix au MR, mais pour réconcilier les gens avec la politique.

Pourquoi avoir démenti si longtemps que vous comptiez vous lancer en politique ?

J’espérais influencer les partis existants, me faire  » piquer  » mes idées et les voir aboutir. Mais ça ne marche pas. Je me suis donc dit : Rudy, il faut le faire toi-même !

Vous allez créer un parti wallon, alors que vous êtes flamand. Pourquoi ? Par opportunisme ? Parce qu’en Flandre le créneau populiste est déjà occupé par Jean-Marie Dedecker ?

Par symbolisme. En réalité, j’aurais voulu créer un parti  » national « , rassemblant des Flamands, des Wallons et des Bruxellois. Mais cela n’est pas (encore) possible. J’ai été obligé de choisir. Pour le symbole, j’ai choisi la Wallonie.

Vous vous sentez wallon ?

Non. Je me sens flamand. Et belge. Et européen. Ce n’est pas incompatible. Je vis à Gand, mais j’ai aussi une maison près de Namur.

Vous n’êtes donc pas séparatiste comme Jean-Marie Dedecker ?

Du tout ! Je suis résolument antiséparatiste. Je suis pragmatique, favorable à davantage d’efficacité. Il faut attribuer les compétences au niveau le plus efficace. Aux Régions ou au fédéral. Un Etat fédéral fort est indispensable. Où en serions-nous, aujourd’hui, en pleine crise financière, sans le niveau fédéral ?

Votre parti ne sera donc pas le pendant wallon de la Lijst Dedecker. Pourtant, vous en avez vous-même rédigé le programme socio-économique…

On peut collaborer sur certains points et être en désaccord sur d’autres. Et puis, rien ne dit que Jean-Marie ne changera pas d’avis sur l’institutionnel. C’est quelqu’un d’intelligent.

On dit que vous êtes un  » populiste « . Qu’est-ce que vous inspire cette étiquette ?

A mes yeux, le  » populisme  » n’a rien de négatif. J’ai la faiblesse de croire que les politiques ont l’obligation d’écouter ce que veulent les gens. Autre chose est la démagogie, qui consiste à flatter le peuple en lui promettant des choses irréalisables ou en lui faisant gober des trucs faux. Présenter un budget soi-disant en équilibre, alors qu’on sait très bien qu’il ne le sera pas, ça, c’est de la démagogie.

Vous défendez de brillantes idées. Mais faire de la politique, c’est autre chose. Vous êtes prêt à consentir les compromis indispensables ?

C’est ça tout le défi. Je suis prêt au compromis, mais je ne transigerai jamais sur l’essentiel du programme de mon parti, qui sera très clair. Il faut inciter les gens à travailler, lutter contre la fraude sociale, le clientélisme et la particratie. Et en finir avec ce système qui rémunère les syndicats en fonction du nombre de chômeurs.

Vous êtes connu dans le petit monde des décideurs et des médias, mais pas du grand public. Vous comptez vraiment percer d’ici à juin 2007 ?

Le parti ne sera pas une  » Liste Aernoudt « . Je ne sais pas encore exactement comment il s’appellera. Mais il sera composé par plein de gens  » bien « .

Des noms ? Le député libéral Alain Destexhe, par exemple ?

Je dispose déjà d’une longue liste de candidats potentiels. Dont certaines personnalités connues. Pour Destexhe, il faut le lui demander. Pour l’instant, il dit qu’il n’en sera pas. Nous verrons. De toute façon, je respecte son choix.

Vous allez piquer des voix au MR et, par conséquent, peut-être permettre au PS de regagner  » sa  » place de premier parti wallon : paradoxal, non ?

Je ne crée pas un parti pour  » piquer  » des voix au MR. Vous savez, le premier  » parti « , en Belgique, c’est celui de ceux qui votent blanc ou nul. Je veux réconcilier le citoyen avec la politique.

Isabelle Philippon

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