La mise en scène, très pure, repose sur l'évocation de l'aventure esthétique de deux pionniers partis à l'ascension de nouveaux territoires pour la peinture. © LOLA PERTSOWSKY

Ron Gorchov & Otis Jones

La Fondation CAB continue d’explorer, sans jamais lasser, le sillon de l’art minimal dont elle ravive la flamme, l’acuité et le goût de l’expérimentation. Avec l’appui des galeries Maruani Mercier et Sorry We’re Closed, elle le fait cette fois en établissant un parallèle organique entre les travaux des artistes américains Ron Gorchov (1930 – 2020) et Otis Jones (1946). Le fil rouge? Outre une même défiance manifeste envers les images, la très pure mise en scène repose sur l’évocation de l’aventure esthétique de deux pionniers partis, fin des années 1960-début 1970, à l’ascension de nouveaux territoires pour la peinture. La convergence s’impose tout naturellement pour ces plasticiens qui se sont employés à sortir couleurs et compositions de leurs gonds. Traçant chacun leur voie propre, ils ont voulu dépasser l’impasse formelle dans laquelle l’art pictural s’était enferré à leurs yeux: se restreindre en s’enfermant dans un châssis rectangulaire à la façon d’une fenêtre figée sur le monde.

L’aîné, Gorchov, est le premier à révéler ce possible tridimensionnel de la peinture en imaginant pour elle des trames concavo-convexes en forme de boucliers, ou de « selles de cheval » comme on les a souvent qualifiées. L’effet totémique qui en résulte fascine, ponctué qu’il est de gestes aléatoires – Gorchov peignait à deux mains – et de traces chromatiques. Les oeuvres d’Otis font valoir une force méditative intense. Ses châssis cerclés, qui sont des sortes de tambourins chamaniques élaborés à partir de bois récupéré sur des chantiers, regardent le visiteur avec une puissance cyclopéenne. Ils font de l’oeil la flèche d’un archer zen inéluctablement entraînée vers le centre.

A la Fondation CAB, à Bruxelles, jusqu’au 27 février.

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