Un activiste antivaccination à une manifestation contre les mesures corona à Katowice, Pologne le 6 mars 2021. © GETTY

Rétablir la confiance

Notre confiance, nos doutes ou nos franches réticences face aux vaccins ne sont pas déterminés uniquement par la qualité des informations. Des recherches ont en effet démontré que le scepticisme vaccinal est aussi une affaire de méfiance vis-à-vis des autorités, de l’industrie pharmaceutique, des médecins et de la science. La source de l’information pèse parfois plus lourd que le message lui-même…

Un vaccin, pour faire simple, permet d’activer notre système immunitaire pour qu’il nous assure une protection contre un microbe donné, sans devoir d’abord tomber malades. Les pathologies visées sont généralement associées à des risques de santé importants. Quant aux effets secondaires des vaccins, ils restent majoritairement assez banals, de courte durée et liés à la stimulation du système immunitaire. Malheureusement, au fil des années, certains ont malgré tout provoqué des effets indésirables plus sérieux, dont des inflammations du système nerveux quelques jours après la piqûre et généralement transitoires. Bien que déplaisants, ils restent heureusement rares, puisqu’ils ne concernent que quelques centaines ou milliers de cas sur plusieurs milliards de vaccins administrés. Le risque d’être victime de complications graves d’une maladie contre laquelle il existe un vaccin reste donc bien supérieur à celui, négligeable, de développer une complication sérieuse suite à la vaccination. Et pourtant, en dépit de ses formidables avantages et de ses risques minimes, la vaccination suscite encore des doutes.

Pour combattre efficacement ce scepticisme envers les vaccins, il faut apporter des réponses adaptées.

À quoi attribuer ce scepticisme?

Des interdits

Certains estiment que la vaccination n’est pas naturelle et qu’il ne faut pas tenter le sort, dieu ou la nature. Critique assez curieuse sachant que, si nous laissions la nature suivre son cours, au moins une femme sur 100 perdrait la vie en mettant un enfant au monde, alors que les progrès de la médecine nous permettent aujourd’hui d’éviter une bonne partie de ces décès…

Des raisons politiques

Des pouvoirs politiques ou certains groupes peuvent la décourager, afin de garder une emprise sur la population. Les Talibans, par exemple, affirment que la vaccination est un complot de l’Occident visant à rendre la population locale stérile. Dans nos contrées aussi, il arrive que des intérêts politiques viennent influencer le débat scientifique dans le but de miner la confiance vis-à-vis des partis au pouvoir.

Des doutes face à la science

La médecine évolue, les points de vue changent (souvenez-vous par exemple du débat sur les masques buccaux en 2020) et, aujourd’hui encore, les soignants doivent de temps en temps admettre qu’une thérapie ou intervention longtemps vantée est finalement moins efficace qu’on ne le pensait. Les personnes qui doutent de la science risquent aussi d’être plus critiques vis-à-vis des vaccins.

C’est de bon ton

Nourrir une certaine méfiance semble parfois de bon ton. En allant à contre-courant, en se montrant plus « critique » que le citoyen lambda, en refusant « d’être un mouton », on veut prouver qu’on est « mieux » informé, qu’on se distingue de la « masse ».

Les théories du complot

Certains ont du mal à admettre que les événements peuvent survenir simplement par hasard, par malchance. Ils refusent de croire qu’un virus invisible puisse vraiment mettre le monde à l’arrêt et cherchent une autre explication. Et cela peut aller jusqu’à l’apparition de théories du complot complètement abracadabrantes, comme celle, par exemple, que certains grands dirigeants sont des extraterrestres aux traits reptiliens, qui veulent se servir de la vaccination pour réduire l’humanité en esclavage.

Des interventions sur mesure

Pour combattre efficacement ce scepticisme envers les vaccins, il faut apporter des réponses adaptées. Tout d’abord, il faut écouter les préoccupations des sceptiques – qu’est-ce qui les effraie, quelles questions se posent-ils, qu’ont-ils vu ou entendu qui a pu les inquiéter? – afin d’y apporter des réponses claires et correctes. Il est important dans ce cadre de ne pas nier les dangers des vaccins, puisque ceux-ci ne sont jamais sûrs à 100%, tout en soulignant que le risque de tomber gravement malade lorsqu’on n’est pas immunisé et que l’on contracte l’infection est infiniment plus grand. Nous avons plus de chances de mourir dans un accident d’avion que de tomber gravement malades après un vaccin…

Les opposants purs et durs aux vaccins ne représentent qu'une toute petite minorité de la population (environ 2% en Belgique francophone et 1% en Flandre), mais est très présente sur les réseaux sociaux.
Les opposants purs et durs aux vaccins ne représentent qu’une toute petite minorité de la population (environ 2% en Belgique francophone et 1% en Flandre), mais est très présente sur les réseaux sociaux.© GETTY

Pour influencer la perception du risque, il est important de dialoguer et de communiquer en toute honnêteté. Selon des recherches, si la confiance est là, cette approche peut fonctionner. Si votre interlocuteur refuse d’accorder foi à vos arguments, il peut être utile d’essayer de comprendre où se situent les obstacles et d’orienter la conversation dans cette direction. Les opposants purs et durs aux vaccins ne représentent qu’une toute petite minorité de la population (environ 2% en Belgique francophone et 1% en Flandre), mais est très présente sur les réseaux sociaux. Les arguments rationnels n’ont aucune prise sur ce groupe et, durant la pandémie, la plupart des pays occidentaux ont décidé de ne pas y consacrer leur temps et leur énergie, sauf si leur désinformation mettait des vies en danger. Les gouvernements n’ont par contre pas ménagé leurs efforts pour aider les sceptiques à surmonter leurs réticences.

La France, championne du monde

Tout au long de la pandémie, des enquêtes ont été organisées à intervalles réguliers pour jauger la volonté de la population de se faire vacciner contre le coronavirus. Dans un sondage en ligne réalisé au cours de l’automne 2020 par le bureau d’études IPSOS auprès de 18.000 adultes dans 15 pays (dont la Belgique ne faisait pas partie), 73% des répondants déclaraient vouloir se faire vacciner dès que ce serait possible. Ce pourcentage était plus élevé dans huit pays – l’Inde (87%), la Chine (85%), la Corée du Sud (83%), le Brésil (81%), l’Australie (79%), le Royaume-Uni (79%), le Mexique (78%) et le Canada (76%) – et plus faible dans les sept autres, à savoir les États-Unis (64%), l’Espagne (64%), l’Italie (65%), l’Afrique du Sud (68%), le Japon (69%), l’Allemagne (69%) et enfin la France, où à peine plus de la moitié des sondés (54%) se déclaraient ouverts au vaccin anti-covid.

L’Europe est le continent qui compte le plus de sceptiques, et la France est – de loin – championne du monde. De quoi expliquer, peut-être, la méfiance plus marquée en Wallonie et à Bruxelles (sous l’influence des médias français) que dans le Nord du pays. L’opposition s’explique de la même façon partout: la crainte d’effets secondaires graves et la conviction que ces produits développés rapidement n’ont pas pu être suffisamment testés.

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