La naufrage du Barcone fit quelque 800 morts. Le chalutier égyptien transportait 1 000 migrants alors qu'il était prévu pour 30 personnes... © CARMELO IMBESI/ISOPIX

Restaurer la dignité des victimes de Méditerranée

N aufragés sans visage (Albin Michel, 224 p.) est le récit poignant par la professeure de l’université de Milan Cristina Cattaneo de son combat pour établir l’identité des migrants morts en Méditerranée comme les services concernés de l’Etat italien s’efforcent de le faire pour des nationaux victimes de catastrophes.  » Nous étudions une humanité qui a disparu mais qui se fait entendre par notre travail « , résume l’auteure. Lors de deux naufrages emblématiques (au large de l’île de Lampedusa le 3 octobre 2013 – plus de 350 morts – et à distance des côtes libyennes le 18 avril 2015 – quelque 800 personnes décédées dans le chalutier Barcone -, le plus meurtrier à ce jour), l’équipe de Cristina Cattaneo établira un protocole d’examens post-mortem et ante-mortem qui restera comme un modèle. Les traces d’une opération chirurgicale ancienne ou d’une séance de tortures en Libye, la découverte d’un bulletin scolaire ou d’une croix orthodoxe… : tout est soigneusement analysé pour répondre aux attentes des parents et des proches, connaître le sort réservé à l’être aimé.  » Le Barcone donnait à voir ce qui se passait tout près de cette Europe et de ces parlements qui prétendaient être les plus civiques, les plus démocratiques, les plus libéraux : des adolescents et des enfants morts, entassés dans des bateaux pareils aux anciens navires négriers, pour fuir la guerre, les persécutions ou la famine.  » Une leçon de vie à faire lire à tous les commentateurs à l’emporte-pièce de la crise des migrants.

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