Remèdes et prévention

Dans la plupart des cas, les médecins estiment que deux à trois jours de repos suffisent. La reprise d’une activité normale doit être la plus rapide possible pour éviter de raidir le dos et retarder la guérison. Mais le plus efficace ne serait-il pas la prévention ?

Dans la mesure du possible, maintenir une activité physique. Les petits mouvements favorisent la bonne réparation du disque et permettent de guérir plus vite. Mais il n’est pas facile de faire de l’exercice lorsqu’on souffre. Commencez donc très progressivement et augmentez peu à peu vos efforts.  » Quelqu’un qui souffre d’un lumbago doit reprendre ses activités après deux ou trois jours, et surtout ne pas rester au lit, conseille Philippe Mairiaux, professeur de santé publique à l’ULg. Dans les cas de lombalgie, pour les quatre cinquièmes des gens, l’augmentation progressive de l’activité physique va avoir un effet très positif. Quand j’étais étudiant, on nous enseignait que le malade devait rester au lit. Depuis lors, tous les travaux ont prouvé que c’était totalement contre-productif. Aujourd’hui, les jeunes médecins sont convaincus du contraire. On assiste à une médicalisation croissante de ce problème de santé. Selon toutes les recommandations internationales, un mal de dos banal ne justifie pas de recourir à l’imagerie médicale, que ce soit une radiographie standard, a fortiori un scanner. Pas plus que cela ne justifie un traitement médicamenteux, sauf pour le confort du malade. Un antalgique ou un anti-inflammatoire peuvent soulager, sans influencer le phénomène lui-même. Cela ne concerne évidemment pas une tumeur qui présente des phénomènes d’irradiation au niveau de la colonne vertébrale, ni une infection ni des douleurs lombaires liées à une maladie rhumatismale. Mais ces pathologies ne représentent qu’entre 3 et 4 % des cas chez les personnes de moins de 65 ans.  »

Une ceinture lombaire peut soulager la douleur. Au cours des phases aiguës, en association avec le traitement médicamenteux, elle permet de diminuer l’amplitude des mouvements (flexions et extensions forcées qui sont sources de douleurs). De plus, une ceinture lombaire augmente la pression abdominale et apprend à éviter les mouvements dangereux.

Programme de revalidation multidisciplinaire. L’Inami a instauré, sur la base des recommandations internationales de 2004, ce type de programme accordé une fois dans la vie.  » Si une personne est encore en incapacité de travail pour cause de problème de dos, après un mois, un mois et demi, la situation n’est pas normale, souligne Philippe Mairiaux. Ces personnes ont parfois d’autres problèmes dans leur vie privée. Etant en incapacité de travail, elles se retrouvent rapidement en isolement social. Il leur est proposé d’entrer dans un programme de remise en condition physique, de retour au travail, combinant entraînement à l’effort et soutien psychologique. Un groupe de huit à douze personnes, piloté par un médecin spécialiste en médecine physique, est encadré par des kinés, un ergothérapeute et un psychologue. Bien suivi, ce programme peut avoir des effets très bénéfiques.  »

Prévention : on bouge !

Activité physique régulière. Pour prévenir le mal de dos, la première des précautions est d’entretenir ses muscles. Ils tiennent un rôle essentiel dans le maintien de la colonne vertébrale. Le dos doit pouvoir travailler et être en mouvement. A l’inverse, la sédentarité affaiblit les muscles maintenant le dos. Par ailleurs, avoir une activité physique régulière est également excellent pour la prévention du diabète, des maladies cardio-vasculaires et pour éviter l’excès de poids. Une activité physique légère et régulière, tels la marche, le cyclisme, la natation ou l’aquagym, permet de faire travailler en endurance un bon nombre de muscles. Aucun sport n’est contre-indiqué s’il est pratiqué dans les règles, à l’exception des activités physiques qui nécessitent des mouvements forcés ou des dangers de traumatismes importants (squash, ski). Bien sûr, il faut adapter son activité en fonction de ses capacités et sans excès, utiliser un équipement de qualité (des chaussures adaptées ou un vélo à votre taille, par exemple). Et toujours commencer par un échauffement progressif. Echauffez-vous aussi avant toute activité contraignante telle que le jardinage, le bricolage ou un déménagement. Les exercices de gym qui permettent de renforcer la musculature et l’amélioration de souplesse du dos sont également utiles. L’augmentation de la force musculaire et l’amélioration de la coordination dans tous les mouvements permettent un déplacement plus harmonieux des vertèbres.  » Si, pour cause de CO2, les gens sont obligés de faire une partie de trajet à pied, de reprendre leur vélo, cela fera un bien fou, non seulement à l’environnement, mais aussi à eux sur le plan de leur santé !  » se réjouit Philippe Mairiaux.

On se calme le week-end. Souvent, le week-end, alors qu’on a été sédentaire toute la semaine, on va se programmer un travail de force. Au jardin, par exemple. Comme les hirondelles, les maux de dos reviennent avec le printemps. Pareil en automne avec le ramassage des feuilles mortes. On se met (encore) la pression avec des obligations de timing. On veut faire en quatre heures ce qui en demanderait vingt normalement. Alors qu’on aurait bien besoin de se reposer le week-end, on se retrouve à aller au-delà de ses forces.  » Il faudrait diviser le travail en plusieurs phases durant le week-end, conseille Roger Fiammetti. Il faudrait avoir le réflexe de cette sagesse-là. Penser à s’accroupir, et non pas à se pencher.  » Ou bien, on va se lever très tôt le samedi pour aller aider un copain à déménager. On n’est pas reposé de la semaine, la musculature est fatiguée. Mais, basta, on va pousser la commode de cinquante kilos. Le conseil de l’ostéopathe :  » Si on a décidé d’y aller à trois, on y va à six pour décupler les forces. Beaucoup de personnes arrivent le lundi au cabinet avec un lumbago.  » J’ai aidé un ami à déménager. On n’était que deux.  » Le mal de dos après le week-end, c’est souvent parce qu’on a porté des charges trop lourdes, qu’on a travaillé trop longtemps au jardin.  » Le sport du week-end est, lui aussi, souvent mal géré. Le sportif amateur ne dispose que de deux heures pour rouler à vélo.  » Il ne pense pas à s’étirer avant et à s’étirer après.  » Quand le boulot est sédentaire, que faire d’autre que s’inscrire dans un club de gym ?  » On fait cet effort supplémentaire pour pallier cette absence de mouvement le reste du temps, c’est bien. Mais il faut faire les choses progressivement. C’est une question de méthodologie, de prise en charge. Et de sagesse, finalement.  »

Une ceinture lombaire en prévention aussi.  » Les personnes qui vont effectuer des activités physiques, faire des efforts auxquels elles ne sont pas habituées et faire travailler des muscles peu sollicités habituellement, doivent avoir le réflexe de mettre une ceinture lombaire, conseille l’ostéopathe. Le cas échéant, elles évitent ainsi les récidives.  » Une question de sagesse, là aussi.

Une bonne alimentation. Privilégier une alimentation riche en calcium est important pour prévenir l’apparition de l’ostéoporose.

J.R.

 » il faudrait diviser le travail en plusieurs phases le week-end »

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