Raoul Ubac à Liège : portrait taillé sur mesure

D’une discrétion absolue, Raoul Ubac était de ces artistes qui préfèrent l’ombre et la réserve… Qu’importe ! Pour célébrer le centenaire de sa naissance, le Grand Curtius sort ses plus beaux atours : une rétrospective à la mesure de ce  » chercheur  » perpétuel.

De ses premières photographies d’inspiration surréaliste à sa dernière pierre taillée, Raoul Ubac (1910 – 1985) n’a cessé d’explorer de nouveaux sillons créatifs. En rupture avec le milieu familial et éducatif, Rolf Ubach – de son vrai nom – quitte Malmedy à l’âge de 18 ans pour parcourir à pied quelques pays d’Europe. Une sorte de voyage initiatique qui lui permet, entre autres, de tomber sous le charme d’un mouvement qu’il découvre à Paris : le surréalisme. Enthousiasmé par ses découvertes plastiques, Raoul Ubac retrouve Cologne (sa ville natale) pour y suivre les cours de dessin et de photographie de l’Ecole des arts appliqués. C’est cependant un acte d’une incroyable simplicité qui marque le début de sa production artistique… En voyage en Dalmatie, le jeune homme compose, au moyen de pierres ramassées à même le sol, des assemblages qu’il dessine et photographie. Dans la foulée, il réalise des clichés surréalistes en expérimentant des procédés typiques tels le brûlage, la solarisation et la pétrification. Exposant et publiant régulièrement, Raoul Ubac collabore ainsi aux activités du groupe jusqu’en 1943.

En 1946, il trouve en Haute-Savoie un éclat d’ardoise qu’il commence à graver avec un vieux clou. Une première tentative marquante puisqu’elle signe le début de sa fascination pour cette matière qui constituera la  » pierre angulaire  » de son £uvre. A de multiples reprises, l’artiste gravera l’ardoise, y imprimant tantôt des formes abstraites, tantôt d’étonnants personnages qui rappellent les structures primitives de l’art préhistorique. Fréquentant des artistes non figuratifs, Ubac aborde la peinture tout en poursuivant son travail sur des ardoises qui deviennent au fur et à mesure de véritables reliefs. En 1960, il synthétise ses recherches en créant des peintures sur panneaux recouverts de résines amalgamées. Un travail s’inscrivant dans une double perspective (gravure et peinture) qui persiste jusqu’à sa mort en 1985.

Idéalement introduite par un film d’une trentaine de minutes, l’exposition – qui rassemble quelque 120 £uvres, toutes techniques confondues – permet de comprendre l’univers complexe de ce personnage, de se confronter à ses diverses facettes et formes d’expression. L’événement est aussi l’occasion de mettre en évidence l’exceptionnelle donation Trutat, soit 45 £uvres léguées par un couple d’amis de l’artiste à la Ville de Liège, à condition que celle-ci poursuive la promotion et la diffusion du travail de ce Belge de réputation internationale. Le résultat est plutôt réussi !

Rétrospective Raoul Ubac. 1910-1985, Grand Curtius, 136, Féronstrée, à 4000 Liège, jusqu’au 16 janvier. www.grandcurtiusliege.be

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

SON PARCOURS : MALMEDY, PARIS, COLOGNE… ET LE SURRÉALISME

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