Que le meilleur gagne !

Qui a dit que la Belgique francophone ne pouvait se payer « Big Brother » et ses succédanés télévisés ? La RTBF lancera ce vendredi un jeu dont le titre définitif n’est pas encore arrêté : initialement pressenti, « Manager Academy » a déplu à Hervé Hasquin, principal sponsor, par son style franglais. Il pourrait finalement s’appeler « Qui veut gagner 19 millions ? » Ou, plus exactement, « Qui veut gagner 0,470997 million d’euros, brut et par an, frais de représentations non compris mais treizième mois et pécule de vacances inclus ? »

Chaque finaliste se verra offrir un poste de dirigeant d’une entreprise publique de la Communauté française, assorti du salaire de son choix. Et, si le programme est un succès, on pourrait s’en inspirer, côté fédéral, pour lancer une émission similaire, intitulée « Copernic/Copernicus » et diffusée, comme Appel à témoins, à la fois sur une chaîne flamande et une chaîne francophone.

Trois ou quatre candidats ont été retenus au terme d’un casting très serré réalisé par un collège d’experts. Pourtant, avant même que leurs noms ne soient connus, il s’est trouvé quelques esprits chagrins pour crier à la manipulation : malgré les appels publics à candidature, le jeu ne serait pas ouvert à tous, mais seulement aux candidats choisis par l’agence de placement qui coproduit l’émission. Depuis leurs bureaux du Boulevard de l’Empereur, les responsables de cette société démentent vigoureusement ces accusations. Et d’expliquer :  » Nous offrons aux finalistes un contrat d’exclusivité à vie. Il n’est dès lors pas anormal de nous assurer que les candidats correspondent bien à nos critères de qualité.  » Les heureux élus seront d’abord enfermés pendant une semaine au Château de La Hulpe. Là, sous l’oeil permanent de caméras installées dans chaque pièce (sauf les toilettes, car il était impossible d’y placer à la fois le cameraman, le preneur de son et l’assistant prescrits par le règlement de travail de la RTBF pour toute prise de vues), ils suivront des cours de comptabilité analytique, de maintien devant la caméra et de gestion des ressources humaines. Jusqu’au 31 janvier, les meilleurs moments seront diffusés sur la Une juste avant le journal télévisé, une version intégrale étant disponible sur le Web.

Faute d’avoir retenu des candidates de sexe féminin, les organisateurs, craignant que leurs mâles finalistes soient peu enclins à la galipette entre eux, inviteront également au château une sélection de membres du conseil d’administration de sexe féminin et de présentatrices du journal télévisé. Les ébats sexuels sont permis, mais le candidat qui aurait le mauvais goût d’avoir une aventure en dehors de sa couleur idéologique et philosophique sera immédiatement éliminé, façon de vérifier qu’aucun d’entre eux n’est daltonien.

Au bout de cette semaine de cours intensifs, les trois meilleurs candidats auraient dû être interrogés par Madame Evelyne et ses boys du CSA : le quiz aurait pu porter notamment sur la diffusion d’images violentes dans les journaux télévisés, le financement des émissions touristiques de la RTBF ou la nationalité de l’actionnariat d’AB 3. Mais le producteur en chef a annulé cette étape ( lire en page 6), craignant – c’est un comble! – un trop bon audimat.

Place alors à la grande finale, diffusée le 31 janvier en direct du Botanique et présentée par Thomas Van Hamme et Georges Dumortier. Parmi les épreuves : conclure un contrat de gestion avec Richard Miller (qui jouera son propre rôle en direct), reconnaître celui des huit membres du gouvernement qui n’est ni ministre de l’Education ni ministre de la Culture, annoncer 500 licenciements aux délégations syndicales CSC et FGTB (également présentes sur le plateau), défendre en direct au JT la déprogrammation d’un reportage sur le financement du PS ou négocier les nouvelles grilles radio avec la RMB. Tout ministre de la Communauté française pourra alors voter en appelant un 0900. Le gagnant sera nommé administrateur général de la RTBF, le deuxième directeur du Palais des Beaux-Arts de Charleroi et d’un théâtre en Avignon, et le troisième parrain de la coupole montoise. Que le meilleur gagne !

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