La Grand-Place, un espace qui, à terme, sera modulable et convertible. © hatim kaghat

Quand Nivelles se renouvelle

Le Vif

La cité des Aclots est en pleine métamorphose. Les nouveaux centres hospitalier et multisport symbolisent, entre autres projets, la forte impulsion engagée sur les infrastructures. Entre ancien et nouveau, entre pression démographique et mobilité complexe, Nivelles se cherche un avenir intelligent.

Enfant, Pierre Huart devait aimer le Monopoly, les Lego ainsi que les dominos. Le bourgmestre MR, relancé avec 4 000 voix de préférence il y a un an pour un troisième mandat, cultive en effet un art consommé. Celui de modeler, (re)penser, transformer, moderniser Nivelles, comme une maquette grandeur nature.

Trente ans qu’il la fait évoluer, comme échevin de l’Urbanisme puis comme mayeur se gardant cette compétence parmi une volée d’autres. De sa ville, il connaît tous les éléments, avec une singulière capacité à anticiper l’effet induit par la modification de certains d’entre eux. Huart a toujours deux, trois coups d’avance pour servir sa vision d’une Nivelles renouvelée et agile face aux défis de la pression démographique, de la mobilité, des développements smart. Ou d’une croissance immobilière contenue et canalisée vers d’anciens sites industriels à assainir avant d’y ériger de nouveaux logements. Comme l’ex-brasserie Duvieusart réhabilitée en résidences d’une soixantaine d’appartements cossus. Comme l’îlot Saint-Roch, ancienne friche entre la gare et la collégiale, repensé en nouveau quartier durable de 210 logements par Immobel.

Pierre Huart a sa vision d'une Nivelles renouvelée grâce à plusieurs projets d'envergure.
Pierre Huart a sa vision d’une Nivelles renouvelée grâce à plusieurs projets d’envergure.© hatim kaghat

Infrastructures d’avenir

Pour l’heure, la nouvelle majorité communale (MR-Ecolo) se projette encore plus loin à travers deux projets d’infrastructure d’envergure. Un nouveau centre hospitalier et un nouveau centre multisport. Deux très gros morceaux que le bourgmestre veut absolument faire avancer lors de cette mandature.  » Le projet de nouvel hôpital privé porté par le groupe Jolimont est capital pour notre ville. Il a été retenu par la Région wallonne qui le subsidiera à hauteur de 85 % d’un coût estimé à 100 millions d’euros. Des 200 lits de l’actuel hôpital en centre-ville, la capacité passera à 400 lits pour le nouveau centre hospitalier délocalisé extra-muros pas loin du Chirec. Le secteur hospitalier s’intéresse clairement à notre ville et à sa population en expansion « , analyse le bourgmestre.  » Pour Nivelles en plein développement et soumise à forte pression démographique, on ne peut pas se contenter de petits hôpitaux. Cette nouvelle institution offrira un service nécessaire à la population et pourvoira des centaines d’emplois dont une part non négligeable ira aux Nivellois.  »

Le projet de nouvel hôpital privé est capital pour notre ville.

La pose de la première pierre est envisagée pour 2023 et l’ouverture pour 2026. Ce qui laisse le temps d’anticiper les nouveaux besoins ou problèmes induits par le nouvel hôpital sur le terrain miné de la mobilité. Et quid du site délaissé de l’hôpital Jolimont en centre-ville ? Pierre Huart a évidemment déjà sa solution.  » On travaille à offrir à ce site une reconversion orientée vers un genre de résidences-services pour le troisième âge. Notre population est assez âgée. Certaines personnes au-delà de 80 ans ont besoin d’être encadrées. Les résidences-services sont intéressantes à installer en centre-ville, pour leur potentiel de lien social accru et l’opportunité qu’elles offrent aux résidents encore mobiles de profiter de la ville en journée.  »

Sport et culture sont d’excellents dérivatifs et outils de prévention pour les jeunes.

Un exemple parmi d’autres de réaffectation de lieu. L’Académie de musique, danse, arts de la parole et arts plastique, y a trouvé pleinement son compte en regroupant en 2017 ses activités artistiques dans l’ancien bâtiment d’enregistrement du cadastre du ministère des Finances, pour regrouper ses activités artistiques. Dans un autre registre, l’Hôtel de Rifflart, bâtiment classé, se muera bientôt en un vrai nouvel hôtel de quarante chambres sous l’impulsion privée de la famille Vanderstraeten de Feluy. Avec la bénédiction attentive du mayeur.

Le sport contre la délinquance

L’autre priorité de l’édile et de son collège consiste à muscler les infrastructures sportives de la ville grâce à un nouveau centre multisport et une nouvelle salle dédiée à l’athlétisme.  » Deux sites sont envisagés mais gardés secrets pour éviter toute spéculation. Ce qui est sûr, c’est que l’on va doubler les capacités actuelles, se réjouit notre interlocuteur. On parle de salles omnisports, pour le basket, l’escrime… soit toutes les disciplines fort à l’étroit dans le centre sportif, qui date des années 1960. On se concentre sur l’indoor, dans un bâtiment composé de salles disposées par étages. Il n’est pas envisagé de piste d’athlétisme mais pour cette catégorie sportive et son centre CABW, on construirait une autre salle indoor implantée le plus près possible du parc de la Dodaine (récemment rénové et transformé) où tous les terrains de tennis, hockey (et leurs nouveaux club-house), foot et rugby seront maintenus « …

Après un silence pensif, Pierre Huart ajoute :  » Il vaut mieux investir dans le sport et la culture que de gonfler les moyens de répression policière contre certains faits de délinquance alors que nos policiers nivellois sont déjà bien équipés. Sport et culture sont des services à la population et d’excellents dérivatifs et outils de prévention pour les jeunes.  »

Par Fernand Letist.

La pression démographique, ce « levier »

Un oeil sur la pression démographique, un oeil sur la mobilité à faire coller aux évolutions du puzzle socio-économico-immobilier de son entité, le mayeur défend aussi avec ferveur l’idée que  » la pression démographique doit être saisie comme une opportunité. Pour Nivelles – 28 000 habitants pour 6 000 hectares -, y faire barrage serait une grave erreur. Cela aboutirait à une population assez figée alors que régulièrement se régénérer est sain. Il faut des interactions, des évolutions. Que des gens passent, s’arrêtent, repartent, s’installent, viennent travailler, déménagent… c’est ça la vie ! Cette population croissante et les besoins immobiliers qu’elle engendre, je la saisis comme un levier, un moyen de pression pour assainir et reconvertir les anciens sites du lourd passé industriel de Nivelles aux vestiges parfois encombrants.  » Pour les promoteurs, le deal, explicité dans la nouvelle déclaration de politique communale, est clair : investir et construire à Nivelles doit se faire prioritairement sur les anciens sites industriels désaffectés après les avoir assainis. Pour éviter que l’urbanisation de la ville ne s’étende. Pour préserver sa couronne verte.

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