Propos dérangeants

Le discours du psychiatre Philippe van Meerbeeck ne fera pas l’unanimité. Trop moralisateur? A chacun sa vérité…

« Les remariages actuels abolissent les différences de générations. L’adolescent dont le père vit avec une fille qui a son âge, ou à peine davantage, se sent devenir l’objet possible d’un désir de la part d’adultes. Pour un adolescent, il est troublant de savoir qu’un homme -et son père – de 50 ans fait l’amour avec une jeune fille d’une vingtaine d’années. Il est plus facile, pour les jeunes, de trouver leurs repères quand les parents ne tiennent pas cette avant-scène du désir. D’autant que l’interdit de l’inceste, c’est, aussi, de dire qu’on désire dans sa génération et qu’on se différencie de ses parents en allant voir ailleurs… Or, désormais, on peut tous se désirer tout le temps, à n’importe quel âge.

Nous vivons dans le démariage. Désarrimée d’une alliance, la sexualité se résume souvent à des frottements d’épidermes pour le plaisir. Les unions ne sont que des PACS (sortes de contrats d’unions civiles) améliorés, et on y programme, sur commande, un enfant. Ce dernier est devenu un objet qu’on peut d’ailleurs acquérir sans homme ou entre hommes ou, encore, entre femmes. Puis, lorsque le désir s’éteint, on se quitte. Dans deux cas sur trois, la mère garde l’enfant, parce qu’on considère qu’elle est forcément « bonne », et le père sort de la vie du jeune. On rencontre alors des gamins de 17 ans qui se disent coincés par l’emprise maternelle. Ils grandissent dans une proximité érotisée qui étouffe leur croissance.

Aimer « classiquement », à long terme, fait-il encore partie des projets de vie proposés aux jeunes? L’autre n’est-il plus qu’un objet de plaisir? De surcroît, dans nos sociétés, on tend à estomper les différences entre les identités sexuelles. Ainsi, on banalise le destin des homosexuels. On décide qu’au nom de la guerre des sexes il n’est plus nécessaire de porter le nom de son père. Bref, on ne dit plus que les hommes et les femmes sont extrêmement différents: ils n’ont ni la même force, ni la même jouissance, ni la même anatomie, ni la même physiologie. Dans le mariage socialisé, pour toutes les cultures, l’homme domine la femme et la femme fidélise l’homme en acceptant d’être sous son autorité. Au cours de l’acte sexuel, il existe une emprise de l’homme sur la femme, puisqu’il la pénètre et que c’est important pour leurs deux jouissances. Mais on a l’impression qu’il est malvenu de le rappeler. Je crois néanmoins qu’il y a encore à discuter intelligemment, avec les jeunes, de la différence sexuelle… »

P.G.

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