Power to the peoplisation

Nicolas Sarkozy et Carla Bruni vont passer les fêtes de fin d’année à Rio de Janeiro. C’est le genre d’information people que le service public – la RTBF radio – distille une journée ordinaire de début décembre comme si elle nous annonçait quelque chose de réellement épatant ou étonnant. Symptôme d’un confluent médiatique qui, cette année, a connu un nouveau pic fiévreux avec l’album de la Première dame de France . Quelle qu’ait été la valeur artistique de cette troisième livraison discographique brunienne – ni extraordinaire ni médiocre -, les chansons de Comme si de rien n’était se sont vu irrémédiablement englouties dans une machine à recycler le people. Où la géopolitique glamour de l’Hexagone écrase impitoyablement le sens des textes et musiques, les critiques et autres dissecteurs de mots cherchant vainement dans les nouveaux morceaux ( Tu es ma came ?) des analogies au Petit Nicolas. Dotée d’une fabuleuse campagne de presse et de marketing – les deux foncièrement indissociables -, l’affaire a fait un semi-plouf commercial, les chiffres faramineux du premier album de la Carla (deux millions de copies vendues) étant, grosso modo, divisés par dix – l’album est disque d’or en Belgique (15 000 exemplaires) et s’est vendu à 150 000 copies en France. Pas que l’on s’inquiète pour la rente déjà princière de la belle Italienne mais ce relatif échec industriel reflète parfaitement les temps présents qui ne conjuguent plus forcément l’ampleur du bruit et les ventes. Dans la marée d’articles et d’émissions sur la Carla, sans doute déçu de ne pas y trouver un compte rendu du quotidien élyséen, le grand public populaire, celui de Paris Match et TF1 , s’est vite désintéressé de la chose. En tout cas du disque, continuant à lire ou à regarder avidement toute mise en scène de la vie des riches et des beaux, feuilleton d’autant plus exaltant que les décors comme les parures sont vrais. C’est une chose de zapper dans l’exhibition permanente de la vie de Carla et Nicolas, une tout autre de s’intéresser au contenu artistique des £uvres chantées de Mme Sarkozy. A part la peoplisation triomphante, on ne voit pas très bien qui, au final, bénéficie de la surexposition grossière des riches et des fameux. Pas la musique en tout cas.

Ph. C.

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