Politiques : indemnités rabotées

La réforme de l’Etat a des effets sur les indemnités au niveau fédéral. Les entités fédérées francophones avaient déjà montré la voie. Plutôt indolore.

Depuis 2009, des réformes en cascade ont orienté vers la baisse les rémunérations de certaines fonctions parlementaires, y compris les indemnités de départ. Tous les niveaux de pouvoir, ou presque, sont touchés, même si ce sera indolore pour la plupart. Ainsi, les salaires des ministres et parlementaires fédéraux ont été – provisoirement – revus à la baisse (- 5 %), ce qui a valu un coup de gueule de… Bart De Wever. Sénateur de Communauté désigné par le parlement flamand, mais payé par le fédéral, le chef de file des nationalistes flamands estime perdre  » 500 euros  » dans l’aventure, avec au final un salaire moindre que celui des députés flamands.

De fait, le parlement nordiste n’envisage aucune réduction des indemnités pour l’instant. Sauf son président Jan Peumans (N-VA), qui a décidé de s’amputer de 4 000 euros par mois pour s’aligner sur le traitement du ministre-président flamand (10 717 euros),  » plus un euro symbolique « . La pression s’exerce désormais sur André Flahaut (PS) et Sabine de Bethune (CD&V), présidents respectivement de la Chambre et du Sénat, qui restent les mieux payés du royaume avec 16 567 euros mensuels, près de trois fois plus qu’un simple parlementaire (5 729 euros, frais compris). Mais la cure d’austérité les attend, eux aussi.

D’autres changements sont plus anciens. Ainsi, les présidents des parlements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont vu leurs émoluments fondre de 28 %. En quittant le perchoir wallon, Emily Hoyos (Ecolo) a même renoncé à son indemnité de 120 000 euros, alors que son précédesseur José Happart (PS) avait empoché 530 000 euros.  » La rémunération de ces présidents d’assemblée est passée en dessous de celle du ministre- président Rudy Demotte « , note le politologue Jean Faniel (1), alors que, traditionnellement, c’est le contraire qui prévaut. Fin 2011, le Premier wallon touchait 11 452 euros net, avant indexation.

Quant aux Premier ministre, vice-Premiers et ministre des Affaires étrangères, ils bénéficiaient, eux, d’un traitement mensuel net identique de 11 477 euros, soit légèrement plus que les autres ministres (11 150 euros) et les secrétaires d’Etat (10 702 euros). A ce revenu s’ajoutent les indemnités pour frais de représentation, de logement et de domestique, qui sont doublées pour les premiers cités. C’est beaucoup ? Bien moins que les salaires et bonus mirobolants des managers des entreprises publiques autonomes (Belgacom, Bpost, SNCB…), nommés par le gouvernement, et qui gagnent jusqu’à six fois plus que leur ministre de tutelle. Le débat a encore rebondi récemment, avec dans la foulée des propositions de révision à la baisse, voire d’alignement sur la rémunération du Premier ministre.

Autre anomalie qui n’est pas près d’être corrigée, les ministres en Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles perçoivent davantage (11 452 euros) que leurs homologues flamands et bruxellois, et touchent quasiment le même salaire qu’Elio Di Rupo. Cette incohérence s’explique par la structure de la rémunération, différente d’un niveau de pouvoir à l’autre.

Les eurodéputés ? Ils reçoivent depuis peu une rémunération identique de 7 957 euros brut, financée par le budget du Parlement européen, soit 6 201 euros net après déductions. L’allocation pour frais divers est de 4 299 euros par mois et le  » per diem  » de 304 euros.

(1) Jean Faniel,  » Indemnités parlementaires : une réforme forcée et inégale « , le Crisp en ligne, 15 décembre 2011, www.crisp.be.

FRANÇOIS JANNE D’OTHÉE

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