Polémique Le bilan mitigé du binôme PS-CDH

L’opposition dénonce  » les erreurs commises par la majorité PS-CDH  » dans la gestion de l’enseignement. Les querelles enflent entre les adversaires.

Tout ce joli petit monde est à cran, dévoré qu’il est par les rivalités. A la veille des élections régionales, on assiste à une belle bataille entre les partis politiques. Le trésor qu’ils rêvent tous d’arracher : le ministère (casse-pipe !) de l’Enseignement. Premier KO : le socialiste Christian Dupont, ministre malgré lui de l’Enseignement obligatoire. Débarqué il y a douze mois (après le transfert au fédéral de Marie Arena), pour gérer un héritage dont il se serait bien passé, l’homme a mouillé son maillot pour faire oublier la gestion calamiteuse de l’ancienne ministre-présidente. Il est dans les cordes, plutôt sonné. Sa volte-face sur le décret Mixité et la modestie avec laquelle il l’a annoncée n’ont pas suffi, semble-t-il, à redorer son image. Ni celle du PS. Ni celle, non plus, du CDH, qui n’a pas manqué de fustiger son partenaire socialiste sur le décret Mixité : comme si ce dernier lui était totalement étranger. Plus impliqué que Christian Dupont, arrivé sur le tard, le parti de Joëlle Milquet a signé le texte instaurant le tirage au sort. C’est donc un peu la résignation qui domine chez Christian Dupont, aujourd’hui.  » Elio Di Rupo l’a sacrifié pour sauver Arena, lâche Françoise Bertiaux, députée MR au parlement communautaire. Lui, en tout cas, ne partage pas l’analyse. En fin de législature et encore en pleine tempête autour du fameux décret, il vient de présenter son plan pour combattre l’échec scolaire et  » tirer toutes les écoles vers le haut  » : l’encadrement différencié, qui doit  » tirer vers le haut tous les élèves « , en donnant plus d’argent et plus de profs aux écoles les plus fragiles.  » L’un des plus importants et des plus ambitieux refinancements du système éducatif de la Communauté française depuis ces vingt dernières années « , commente Christian Dupont. Preuve qu’il ne s’occupe pas qu’à réguler les inscriptions dans les  » bons  » et les  » mauvais  » établissements, mais aussi qu’il se penche au chevet de  » ces écoles qui souffrent en silence « . Coupant par la même occasion l’herbe sous le pied aux Verts, qui, frustrés, se réjouissent tout de même de voir Christian Dupont s’inspirer de leurs propositions, avec d’autant plus d’ironie qu’Ecolo propose depuis longtemps l’encadrement différencié. Mais si le principe du financement différencié des écoles est bon, la mise en £uvre semble défaillante.

 » C’est de la poudre aux yeux, un effet d’annonce électorale « 

Commençons par le nerf de la guerre : l’argent. On ne peut reprocher aux politiques de ne pas investir dans l’enseignement : celui-ci absorbe quelque 75 % du budget de la Communauté française (le solde profite à l’audiovisuel, à l’aide à la jeunesse, à l’enfance, aux arts de la scène). En 2001, il a aussi été bien refinancé. Qu’a fait la Communauté française de l’argent du refinancement ? Elle a augmenté les dépenses dans le fondamental et le secondaire ainsi que, dans une moindre mesure, dans le supérieur. Mais, de 2001 à 2008, elle a, en gros, dépensé le double de son refinancement, alors qu’en 2001 elle était déjà en déficit.  » C’est une catastrophe économique ! Durant cette dernière législature (NDLR : de 2005 à 2009), on a dépensé beaucoup d’argent : pour quels résultats ? s’indigne Yves Reinkin, députée Ecolo au parlement communautaire. Rien n’a été fait, par exemple, pour revaloriser le métier d’enseignant : les « anciens » s’en vont à 55 ans, en courant, les jeunes se barrent rapidement. On n’a pas ces 1 400 profs que le ministre a promis dans le cadre du financement différencié.  »  » C’est de la poudre aux yeux, un effet d’annonce électorale : en agissant de la sorte, Christian Dupont remplit la barque de son successeur et le prive de toute politique d’envergure « , enrage Françoise Bertiaux (MR). Selon les économistes de l’enseignement, la Communauté française est bien à sec. Celle-ci ne dispose d’aucune marge de man£uvre budgétaire pour de nouvelles politiques jusqu’en 2012, et son endettement ne devrait pas diminuer avant 2011, au moins.

La majorité PS-CDH a mis le pied dans un engrenage

Il y a ensuite la confiance rompue des parents, soucieux d’offrir le meilleur enseignement à leur progéniture, et celle des chefs d’établissement, qui ont vu leur autonomie se ratatiner.  » En tout cas, entre les parents, les directeurs d’école, les représentants des réseaux et le ministère de l’Enseignement, le divorce est consommé, conclut Yves Reinkin. La majorité PS-CDH a voulu imposer la mixité sociale, mettant le pied dans un engrenage. « 

Pourtant, on ne peut lui reprocher de n’avoir pas pris conscience de la situation inégalitaire de notre enseignement. La mixité sociale n’est pas une cause populaire, et entre l’idéal et le possible, il y a un écart que le PS et le CDH ont sous-estimé. Ils n’ont pas fini d’écoper.

S.G.

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