Perestroïka Obama

Au lendemain de l’élection de Barack Obama, Mikhaïl Gorbatchev a émis une recommandation :  » L’Amérique a besoin d’une perestroïka.  » A quelques semaines de la prise de fonction du 44e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2009, la formule paraît pertinente. Vu de haut, il y a, en effet, davantage de points communs entre la situation de l’URSS des années 1980 et celle des Etats-Unis d’aujourd’hui qu’entre l’Amérique de Franklin D. Roosevelt et celle de Barack Obama. L’incurie de la bureaucratie devant les catastrophes naturelles, l’augmentation endémique de la pauvreté, le déficit conceptuel face à la crise économique et financière, l’échec patent de la ligne idéologique au pouvoir depuis des années, le dogme économique (ici, le marché dérégulé ; là-bas, l’Etat planificateur), les réflexes crispés du complexe militaro-industriel, la montée des pays émergents qui rognent les marges de l’hyperpuissance, la stratégie impériale fondée sur un passé rempli d’erreurs, les  » petits  » adversaires qui deviennent de plus en plus grands, la question des droits de l’homme (à Guantanamo)à Il n’est jusqu’à l’Afghanistan, cauchemar russe d’hier, qui ne vienne désormais hanter la Maison-Blanche tel un spectre. A maints égards, le pays d’Obama serait fondé à appréhender l’année 2009 comme le bloc de l’Est vit surgir 1989 et s’effondrer le mur de Berlin. Le brillant intellectuel Fareed Zakaria n’a-t-il pas démontré, avant même l’élection du premier président  » biracial  » américain, que le monde était entré dans l’ère  » post-américaine  » ?

Méfions-nous, néanmoins, des comparaisons faciles. Même si l’accession d’Obama à la présidence est un événement considérable, il n’a pas été élu par son peuple pour donner au monde une perestroïka multiraciale, mais pour relancer un pays éreinté par l’administration Bush. Car le double mandat de ce dernier apparaît comme un désastre, incarné par la faillite des néoconservateurs. D’où l’importance de l’analyse de départ. Si Barack Obama tient les années Bush pour une aberration dans l’histoire récente de l’Amérique, il aura tendance à inscrire sa présidence sous le signe du retour aux valeurs bafouées et proposera une restauration. Si, au contraire, il les considère comme l’aboutissement d’une pensée à éradiquer, il offrira la perspective d’une reconstruction. Or, à vrai dire, même par rapport à Nixon ou Reagan, George W. Bush a produit une aberration.

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