PAUL PALSTERMAN (CSC*) : SOUS CONDITION

 » Je n’aime personnellement pas l’usage, dans ce contexte, du mot  »allocation universelle », qui a une autre signification. Il s’agit d’une pension nationale de base. Si on songe à une pension de l’ordre de grandeur de l’actuelle Grapa, mais cumulable avec d’autres pensions, on pourrait effectivement construire un système  »à la scandinave », avec une pension de base complétée par des régimes d’assurance sociale, pour arriver en finale à des montants comparables à ce que nous avons aujourd’hui. Un tel système présente effectivement divers avantages. L’un de ces avantages est qu’il permettrait d’envisager d’une façon nouvelle la couverture par les pensions du conjoint sans activité professionnelle complète, qui est actuellement un  »n£ud » dans la sécurité sociale belge. La question est de savoir s’il est politiquement réalisable en Belgique. Comme vous l’écrivez, un tel système suppose que la pension de base soit financée, sinon par l’impôt, en tout cas par une contribution de tout le monde et de tous les revenus. Dans la pratique, Il se traduirait essentiellement par une augmentation substantielle des contributions des travailleurs indépendants, qui financeraient au même titre que les salariés une prestation dont ils sont les principaux bénéficiaires. Jusqu’à présent, tous les signaux que nous recevons des organisations représentatives de travailleurs indépendants et des forces politiques qui les relaient manifestent une opposition radicale à cette idée. Leur principe est que la pension des travailleurs indépendants ne dépend pas d’un système de solidarité obligatoire, mais d’une épargne individuelle, éventuellement constituée à partir de la cession de l’entreprise qu’ils ont créée. Tant que cette position ne change pas, je ne vois pas comment on pourrait construire un système comme celui que vous envisagez. C’est la raison pour laquelle cette idée ne fait pas actuellement partie de nos positions. Si cette donnée politique devait changer – l’exemple des pays nordiques montre que ce n’est pas impossible -, l’idée mériterait certainement d’être discutée. Je précise bien que cette position suppose, en ce qui concerne les salariés (et les fonctionnaires), que la pension de base serait complétée par un régime d’assurance sociale légal, qui comporterait des éléments d’assurance et de solidarité semblables à ceux qu’on retrouve dans les systèmes légaux actuels. Un système où la pension de base serait complétée par des pensions privées creuserait en fait les inégalités. En outre, il ne résoudrait pas le problème de la médiocrité du  »taux de remplacement » par rapport au dernier salaire, qui est la principale critique adressée au régime des salariés. Cela devrait alors se faire sans nous. « 

* Bureau d’études de la CSC.

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