Pascal Smet, version flamande

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Ejecté du gouvernement Picqué, le vibrant défenseur du vélo à Bruxelles a été récupéré par la Flandre. Le ministre SP.A osera-t-il encore se montrer favorable à l’élargissement de la capitale ? Entretien exclusif.

« Incompréhensible, l’attitude de Groen ! Même les électeurs de ce parti se posent des questions.  » Plus de six semaines après la formation d’une jamaïcaine flamande à Bruxelles, Pascal Smet (SP.A) n’a pas encore digéré son éviction du gouvernement Picqué. Il assure ne pas en vouloir à son éternel adversaire politique Guy Vanhengel (Open VLD), qui a conclu, sur les chapeaux de roues, un accord avec le CD&V et Groen pour former la majorité flamande en Région bruxelloise, avant d’être promu au poste de vice-Premier du gouvernement fédéral. En revanche, l’ex-ministre bruxellois de la Mobilité n’a pas de mots assez durs pour accabler les verts flamands, accusés d’avoir  » trahi la gauche et renié le projet commun de ville « .

Pascal Smet ne se plaint pas pour autant de son sort personnel. Devenu ministre flamand de l’Enseignement à la place du dégommé Frank Vandenbroucke, il hérite aussi de la Jeunesse, de l’Egalité des chances et des Affaires bruxelloises.  » Après avoir pu provoquer, ces cinq dernières années, la rupture avec la politique du tout-à-l’auto dans la capitale, me voici à la tête du département le mieux doté de l’équipe Peeters II. L’enseignement, c’est 9,2 milliards d’euros, soit près de 40 % du budget du gouvernement flamand. Chargé de l’enseignement maternel, primaire, secondaire et supérieur, je suis, en quelque sorte, le ministre de l’avenir ! « 

Que répond Pascal Smet à ceux qui mettent en doute ses compétences en matière d’enseignement, tout comme ils ont critiqué sa collègue Joke Schauvliege (CD&V), nouvelle ministre régionale de la Culture, pour sa méconnaissance du terrain ?  » M’a-t-on demandé si j’avais été conducteur de tram quand je suis devenu ministre de la Mobilité ?, réplique-t-il. Certes, je n’ai jamais été prof, mais j’ai été sauvé par un enseignant. A douze ans, en première année secondaire, je n’en sortais pas. Un prof de géo et d’histoire, mon titulaire, est venu à la maison pour m’aider. « 

Jamais en manque d’idées, Smet ne compte pas faire de la figuration au sein du gouvernement flamand.  » En tant que fils d’une famille d’ouvriers, j’adhère au projet flamand de lancer une nouvelle démocratisation de l’école. Trop peu d’élèves issus de milieux défavorisés et immigrés parviennent à entrer dans le supérieur. Il faut repenser tout notre enseignement secondaire.  » Smet continuera aussi à plaider pour la création d’un enseignement bilingue à Bruxelles, organisé par les deux communautés.

Vivre avec la NV-A

 » Comme ministre flamand des Affaires bruxelloises, mon rôle sera celui d’un ambassadeur, indique-t-il. Je vais essayer de promouvoir l’image de la Région bruxelloise en Flandre, où beaucoup d’hommes politiques n’aiment pas Bruxelles, et tenter d’améliorer l’accueil des Flamands dans la capitale. « 

Smet, qui se disait ces dernières années  » pas Flamand, mais Bruxellois néerlandophone « , ne risque-t-il pas de se retrouver isolé dans un gouvernement flamand marqué par la présence des nationalistes du NV-A ?  » Lors des négociations pour l’accord de gouvernement, je n’ai pas entendu de points de vue scandaleux sur Bruxelles. On verra comment se comporte le NV. A ces prochains mois.  » Le ministre SP.A continuera-t-il à prôner l’élargissement de Bruxelles ? Ce point de vue lui avait valu des réactions négatives jusqu’à l’intérieur de son parti.  » S’il faut retirer 1 % du territoire de la Flandre, est-ce la fin du monde ? », avait-il notamment déclaré. Le voilà plus prudent sur la question :  » Désormais, je m’en tiens à l’accord de gouvernement conclu en Flandre et à la position officielle du SP.A « .

Olivier Rogeau

 » Je suis, en quelque sorte, le ministre de l’avenir ! « 

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