PAS SI RINGARDS QUE ÇA, LES SYNDICATS

Aux urnes, camarades ! Jusqu’au 22 mai, les travailleurs sont appelés à élire leurs représentants syndicaux. Des élections sociales qui ont fait le plein de candidats. Du jamais-vu depuis 1979 ! Mais derrière les chiffres, la réalité est plus nuancée.

Leurs combats ? Démodés ! La solidarité ? Envolée ! Les grèves ? Dépassées ! A ceux qui les imaginent victimes d’un désintérêt grandissant, les syndicats ripostent à coups de chiffres. S’ils exaspèrent tant de monde, pourquoi les élections sociales ont-elles un tel succès ? 132 400 candidats ! On n’a plus vu cela depuis le record de… 1979 (132 110 inscrits). L’air de rien, c’est tout de même plus du double que lors des dernières élections communales de 2012. Les données du SPF Emploi montrent que la CSC reste le leader (61 000), suivie par la FGTB (52 000) et la CGSLB (19 400).

Impressionnantes statistiques ? Trompeuses, aussi. Plutôt que de candidats, il faudrait parler de mandats. Car ces chiffres comportent quelques doublons : des travailleurs à la fois présents sur les listes des CPPT (comités pour la prévention et la protection au travail, organes présents au sein de firmes occupant au moins 50 personnes) et les CE (conseils d’entreprise, obligatoires dès que la barre des 100 collaborateurs est franchie).

La différence est loin d’être minime. A la CGSLB, les 19 400 mandats sont occupés par 12 355  » personnes physiques « .  » C’est vrai qu’il serait tentant pour nous de parler de 19 400, ce serait plus impressionnant, mais nous préférons considérer qu’une personne égale un candidat « , détaille Didier Seghin, attaché de presse du syndicat libéral. Qui n’a de toute façon pas à rougir : il enregistre une progression de 17,86 % par rapport aux dernières élections de 2012.

Problème de luxe

A la CSC, on dénombre 41 104 candidats sur 61 000 mandats, soit une légère baisse comparés à il y a quatre ans (62 400). Quant à la FGTB, elle dit ne pas disposer de données centralisées. Au sein de ses différentes branches, les réalités varient : + 7 % au Setca (employés, techniciens, cadres), + 48 % pour l’UBT (transports).  » On a dû faire face à un problème de luxe : on a été contraint de refuser du monde parce qu’il n’y avait plus de places disponibles !  » déclare Frank Moreels, président de l’UBT. Du côté des Métallos, par contre, l’heure est à une légère baisse.  » Là où nous avons présenté des listes, elles sont toutes remplies. Mais nous avons moins de candidats parce que beaucoup d’entreprises ont fermé ou restructuré ces dernières années « , explique Hilal Sor (Hainaut-Namur).

Bref, le succès de ces élections sociales est certes réel mais plus nuancé qu’il n’y paraît. Puis, il faudra attendre les résultats des urnes, après le 22 mai, pour déterminer les véritables gagnants. Mais si les syndicats se réjouissent, c’est aussi parce qu’ils constatent un afflux de nouvelles têtes ainsi qu’une importante présence de jeunes. Le signe incontestable, selon eux, d’un massif ras-le-bol à l’égard des mesures du gouvernement fédéral. Ça, seul un autre type d’élections le démontrera. Ou pas.

PAR MÉLANIE GEELKENS

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