Otium est "né d'une résidence durant l'été". © ARIANELOZE

Otium (2019), Par Ariane Loze

D’une durée de près de vingt minutes, cette vidéo est emblématique du cinéma léger d’Ariane Loze (Bruxelles, 1988). Pour rappel, ses Môwn (Movies on my own) consistent en une série de films, diffusés à travers le circuit de l’art contemporain, dans lesquels la plasticienne endosse tous les rôles, de costumière à monteuse, en passant par actrice interprétant une multitude de personnages. Le cycle se définit aussi par un équipement technique réduit: une image fixe que l’on doit à un appareil reflex posé sur un trépied, un objectif 50 mm plutôt daté, un moniteur et un réflecteur de lumière. Bill Viola se trouve donc à mille lieues. A l’opposé de l’emphase monumentale et spectaculaire de l’Américain, la « méthode Loze » repose essentiellement sur la contrainte.

La Bruxelloise s’astreint très souvent à un lieu précis, ici le petit village français de Fiac, près de Toulouse, qui assure une unité à l’ensemble. « Ce projet est né d’une résidence durant l’été, explique l’intéressée. L’oeuvre s’est faite au détour du bal du village, de la sortie au marché, de la préparation du dîner annuel du 15 août. Cette atmosphère particulière a engendré Otium, terme antique qui décrit le temps consacré à la rencontre d’amis, à la lecture, à la philosophie, à la pensée commune. Bref, tout ce qui nous manque aujourd’hui, au moment où la négation de l’otium, littéralement le « négotium », le négoce, envahit tout le paysage. Les multiples personnages que j’incarne montrent à quel point nous luttons avec nous-mêmes pour nous interdire ce temps soi-disant improductif. »

Afin de concevoir une exposition en phase avec ce propos, la vidéaste a imaginé « Ariane Loze, parlez-nous over jezelf », un projet relevant à la fois de la visite de studio et de l’atelier ouvert. Le visiteur qui débarque au Centre Tour à Plomb le vendredi découvre à la fois un grand écran sur lequel sont projetés cinq des courts métrages de l’artiste et, derrière la toile blanche, à une tout autre échelle, celle du réel, Ariane Loze elle-même répétant une pièce de théâtre. Une belle rencontre.

Au Centre Tour à Plomb, à Bruxelles, jusqu’au 27 mars.

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