Olivier Maingain :  » Peeters n’a pas la tradition du dialogue « 

Les nouvelles venant du MR se bousculent au FDF. Peu agréables : la tête de liste aux régionales lui échappe à Bruxelles, et l’intrigant Aernoudt s’incruste au sein du MR. Le président Maingain prétend rester zen. Et préfère cibler Kris Peeters.

Rudy Aernoudt n’est pas votre tasse de thé mais il fait son trou au MR. Armand De Decker ravit au FDF la tête de liste aux élections régionales à Bruxelles. Vous vous sentez toujours à l’aise au MR ?

> Olivier Maingain : Nous adhérons toujours pleinement aux deux objectifs majeurs du mouvement : assurer l’unité de la Wallonie et de Bruxelles face au rouleau compresseur du nationalisme flamand. Et remédier à la déficience de gestion publique dont souffrent les Régions wallonne et bruxelloise.

Mais à Bruxelles, c’est le libéral Armand De Decker qui sera à la pointe de ce combat lors du scrutin régional de juin. Et non le FDF Didier Gosuin…

> Didier Gosuin avait toutes les qualités pour prétendre obtenir la tête de liste. Mais je comprends que les libéraux bruxellois soient désarçonnés depuis le décès de Jacques Simonet, et qu’ils aient voulu encore montrer leur capacité de rassemblement. Notre objectif n’est pas d’user d’un leadership du FDF à Bruxelles pour jouer la concurrence au sein du MR.

Il se dit que si Armand De Decker a raflé la tête de liste, c’est parce que le FDF n’a pu départager Bernard Clerfayt et Didier Gosuin. Le FDF a raté le coche ?

> Pas du tout. Le choix de Didier Gosuin n’a jamais fait débat Même si, du côté libéral, certains ont suggéré la désignation de Bernard Clerfayt. Mais le travail accompli par Didier Gosuin à la Région justifiait pleinement sa candidature, alors que Bernard Clerfayt est profilé au niveau fédéral où il est d’ailleurs secrétaire d’Etat.

Vous avez obtenu un lot de consolation ?

> Armand De Decker et Didier Gosuin seront sur un pied d’égalité en termes de communication durant la campagne électorale. Nous demandons à Armand De Decker (NDLR : président du Sénat) qu’il s’engage à fond.

Autre motif de contrariété : Rudy Aernoudt et sa formation LiDé. Ils seront les bienvenus sur les listes du MR à Bruxelles ?

> L’examen de candidats autres qu’issus du MR se fera au cas par cas. D’un commun accord entre le FDF et le PRL. Mais il faudra que Rudy Aernoudt écoute les Bruxellois : il connaît mal la réalité institutionnelle de la Région.

Il vaut mieux avoir Aernoudt au MR que le laisser à la porte ?

> A Rudy Aernoudt de savoir ce qu’il veut. S’il cherche à jouer le trouble-fête de la politique dans le sud du pays et à être un nouveau Van Rossem (NDLR : homme d’affaires et député libertaire anversois au début des années 1990), son influence sera nulle.

Le communautaire tourne à nouveau au vinaigre. Le dialogue institutionnel est définitivement voué à être un dialogue de sourds ?

> Il n’a jamais dépassé le stade des préliminaires. Kris Peeters ( NDLR : ministre-président de la Région flamande, CD&V, et coprésident du dialogue institutionnel) n’offre que le catalogue de revendications flamandes à l’espace de discussion. Parler du statut de Bruxelles, de son élargissement, de la non-nomination des bourgmestres de la périphérie : c’est non ! Curieuse façon de procéderà

C’est la méthode Peeters qui pose problème ?

> Kris Peeters ne connaît pas la tradition du dialogue institutionnel. Il n’est pas coutumier de ce genre de négociations.

La Flandre va s’impatienter et se radicaliser si elle n’obtient aucune avancée institutionnelle avant le scrutin de juin…

> Je n’ai jamais vu que la satisfaction de ses revendications ait calmé le mouvement flamand. Il en veut toujours plus. Les négociateurs flamands sont peut-être plus civilisés, leur style est moins direct que lorsque la N-VA était à la table des négociations, mais leurs exigences sur le fond sont identiques.

Entretien : Pierre Havaux

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