Noahbuchodonosor ?

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Après son album de 2006, Charango, vendu à plus d’un million d’exemplaires, Noah pioche une nouvelle fois, avec Frontières, dans le politiquement correct extrême. Un peu énervant ?

Noah est beau, sympa, riche, célèbre, ne fait pas son demi-siècle et a des idées partageuses sur la société de demain : une sorte de version 2010 du Big Bazar où tous les peuples du Nord et du Sud danseraient fraternellement sur une plage pop imaginaire alors que le soleil caresse les peaux en voie de métissage. Une utopie aux accents antixénophobes qui pourrait rafraîchir l’époque, surtout quand celle-ci est symbolisée par le zèle sécuritaire à la Hortefeux. Sertis d’habits festifs, les morceaux de Noah ont conquis un public français avide d’héros positifs. D’où le carton du Charango de 2006, disque de Diamant (plus d’un million de copies) dans l’Hexagone, la Belgique francophone suivant peu ou prou les aventures sonores de l’ex-vainqueur de Roland-Garros en 1983.

Reste que le concert prévu le 11 septembre au stade Roi Baudouin, deux semaines avant une performance au Stade de France, s’est transformé en trois concerts à Forest-National, en mai prochain. L’explication comme quoi  » le dispositif technique du Stade de France n’est pas transportable au stade Roi Baudouin  » est une fumisterie dissipée par les chiffres de ventes de billets : Noah aurait fait un four au Roi Baudouin. Parce qu’au-delà des belles intentions il y a – quand même – une réalité musicale illustrée par les 13 titres de Frontières : Noah est un chanteur très moyen, pas seulement au plan technique mais surtout au niveau de l’expression, curieusement pauvre, atone, passe-partout. Les nouvelles chansons, pour la plupart, suivent la même conduite : banale, pour ne pas dire médiocre, qui consiste à enfoncer des portes ouvertes depuis un bout de temps (cf. Ça me regarde). Entouré d’une partie de l’équipe de JJ Goldman (Erick Benzi, Gildas Arzel) et de mercenaires de studio (Christophe Battaglia, Jacques Vénéruso) habitués à Sardou, Garou ou Florent Pagny, Noah n’a pas l’air de réaliser le gap gigantesque entre ses belles et naïves intentions et cet emballage pour le moins lourdingue, finalement très consumériste. Pour ne pas dire de droite alors que le chanteur se voit bien à gauche.

CD Frontières, chez Sony Music, en concert les 12, 13 et 14 mai 2011 à Forest-National, www.forestnational.be

PHILIPPE CORNET

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