Mons 2015, une opération politicienne

J’ai lu avec attention votre dossier consacré à la Ville de Mons dans votre numéro du 22 octobre dernier. Ce qui m’interpelle dès l’abord à propos de  » Mons, capitale culturelle 2015 « , c’est la comparaison qui est faite avec  » Lille 2004, l’exemple absolu, le modèle  » [sic]. Il faut savoir en effet que la métropole lilloise (Lille-Roubaix-Tourcoing) totalise quasiment le nombre d’habitants existant en Belgique. Par ailleurs, le système de financement culturel français s’avère bien plus avantageux pour les municipalités. Le rôle financier de l’Etat français a donc été déterminant dans la réussite de  » Lille 2004 « . Enfin, malgré toute l’affection que je porte à Mons et à son folklore, je crois que comparaison n’est pas raison. Peut-on raisonnablement comparer Lille, une des plus grandes villes de France avec une (charmante) ville provinciale de Belgique ? Et le fait que son bourgmestre soit président du parti majoritaire en Wallonie n’y change rien. Les usagers du TGV en provenance de Paris en savent quelque chose. Quand ils descendent du train à Mons vers 21 h 30, ils trouvent une gare fermée, pratiquement sans éclairage et ils peinent à trouver la sortie. Est-ce cela la future capitale culturelle européenne ? Car, ne nous leurrons pas,  » Mons, capitale culturelle  » est avant tout une opération politique, voire  » politicienne « . La majorité des artistes n’est d’ailleurs pas dupe.

Quant au projet de la nouvelle gare, il semble que la SNCB ait décidé de faire passer le prestige avant la sécurité de ses passagers. Le budget démesuré (au moins 120 millions d’euros) rend compte de l’aspect  » barnumesque  » du projet de l’architecte Calatrava. Après avoir essuyé deux lourds échecs : le BAM (Beaux-Arts Mons) et la fontaine de la Grand-Place (tombée en panne peu après son inauguration), la politique montoise faite de façadisme et d’effets d’annonces montre ses limites. Pendant ce temps, on assiste à la désertification du centre-ville, à l’abandon des cités sociales et à la paupérisation croissante.

Mais, pour revenir au dossier  » Mons, capitale culturelle « , l’élément qui me scandalise littéralement, c’est quand j’entends l’équipe d’Yves Vasseur dire que c’est toute la région de Mons qui doit s’impliquer dans le projet. Quand cette équipe est arrivée au département culturel de la Ville de Mons, elle a immédiatement cessé tout contact avec les centres culturels locaux situés dans le Borinage […].

Il n’est pas donné suite aux lettres ouvertes ou portant des adresses incomplètes. La rédaction raccourcit certaines lettres pour permettre un maximum d’opinions.

Jacques Rétif, ancien vice-président du centre culturel de Boussu

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