EB Itso, Trespassers Will Be Forgiven, 2012. © DR

Mima Reload

En cinq années d’ouverture, le moins que l’on puisse dire c’est que le Mima a affronté vents et marées – qu’il s’agisse des attentats de Bruxelles avec lesquels il a vu le jour ou de la crise sanitaire que l’endroit a pris de plein fouet. Quoi qu’il en soit, le Millennium Iconoclast Museum of Art est toujours sur ses pattes. Mieux, il signe pour un nouveau quinquennat. Non sans évoquer des perspectives à plus long terme.

Si l’on en croit Raphaël Cruyt, l’une de ses chevilles ouvrières, il est impensable qu’au bout de ce second volet, l’iconoclaste projet ne se soit pas réinventé. Pour ce faire, ce lieu, qui fonctionne sans argent public et qui table sur des artistes extérieurs au marché de l’art consacré, a programmé son autodestruction. « Si, dans cinq ans, nous restons sur un statu quo, alors cela veut dire que nous n’ avons plus rien à raconter, que nous avons fait le tour de la question et que le musée doit se transformer, que ce soit en ring de boxe, en opéra ou en tout autre avatar en phase avec la société dans laquelle nous évoluons », commente Raphaël Cruyt. C’est remarquable, car on aura rarement vu un projet envisager avec une telle sérénité sa disparition et la dissémination aux quatre vents de sa collection.

« C’est grave, docteur? Non, c’est la vie », comme le résume une vidéo au centre de cette nouvelle exposition à envisager à la fois comme une synthèse et une respiration. Au fil de quatre niveaux de monstration, c’est une vision ultracohérente et salutaire de la pratique artistique qui est envisagée. On pourrait la résumer à cette photographie signée par le Danois EB Itso annonçant Trespassers Will Be Forgiven. De Maya Hayuk à Joan Cornellà, en passant par Sozyone Gonzalez ou Bonom, Mima Reload se découvre bien comme un éloge d’une piraterie en train de se faire. Ces pirates étant ces plasticiens qui réinventent les formes et les contenus sous nos yeux ébahis. Le Mima nous les a révélés et il semble désormais impensable qu’ils disparaissent du panorama bruxellois.

Au Mima, à Bruxelles, jusqu’au 29 mai.

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