Erri De Luca. © belgaimage

Miel de montagne

Ciselant une joute opiniâtre entre magistrat et prévenu, l’Italien Erri De Luca embrasse les thèmes qui lui sont chers.

Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide et meurt. Derrière lui, un autre homme donne l’alerte. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et ses anciens camarades à la police… L’impossible coïncidence éveille les soupçons et le magistrat chargé de l’affaire tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité. Entre les deux protagonistes, l’interrogatoire se mue progressivement en un dialogue sur la justice et l’engagement.

Retrouvant la montagne, l’un de ses lieux de prédilection, Erri De Luca y puise plus qu’un décor, un mobile où chacun a ses raisons de s’égarer. Premier de cordée sur le militantisme révolutionnaire et la fraternité, à 70 ans, l’Italien insoumis y assure ses prises comme à son habitude: solide sur la droiture, l’honneur, le style, ces armes qu’on lui connaît. « Prendre connaissance des événements d’une époque à travers les documents judiciaires, c’est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang. » Outre le face-à-face intense rendu sous la forme du procès-verbal, le livre puise sa respiration entre lettres adressées à une mystérieuse correspondante et poèmes connus par coeur. On ne livre pas un ami comme un souvenir: « Votre pouvoir sur moi se limite au petit présent. »

Impossible, par De Erri  De Luca, traduit de l'italien par Danièle Valin, Gallimard, 176 p.
Impossible, par De Erri De Luca, traduit de l’italien par Danièle Valin, Gallimard, 176 p.

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