Michel Stockhem, passionnément classique

Barbara Witkowska Journaliste

Etudes du piano et de l’orgue, histoire de l’art, cinéma, écriture, édition, enseignement d’histoire de la musique et direction artistique du label Fuga Libera… Michel Stockhem a tout fait… Pis : il a tout réussi ! Portrait.

Pour adoucir les longues soirées d’hiver, Michel Stockhem ne pouvait choisir de meilleure compagnie que les éblouissants élans mélodiques des concertos pour violon d’Henri Vieuxtemps, interprétés par une pléiade de solistes à la virtuosité fracassante (dont Lorenzo Gatto), admirablement soutenus par l’Orchestre philharmonique de Liège dirigé par Patrick Davin. Dans l’immense £uvre brahmsienne, il a sélectionné les Variations sur un thème de Haydn et le Concerto pour le piano n° 1 dont la clé tient dans la force et la subtilité, la distinction et la réserve. L’art de la jeune pianiste Plamena Mangova, accompagnée par l’Orchestre national de Belgique sous la direction de Walter Weller, concilie idéalement ses atouts. Ces deux CD très réussis témoignent de la qualité et de l’éclectisme de Fuga Libera, jeune label qui a pour ambition de donner la  » parole  » à des interprètes belges et internationaux, en s’ouvrant à toutes les époques et en évitant des  » ghettos culturels « .

Michel Stockhem a créé Fuga Libera en 2004, un peu par défi. Avant, il a eu plusieurs vies. Né à Bruxelles, il a mené de front des études générales et musicales (piano et orgue). Ensuite, il y eut son coup de foudre pour le violoniste belge Eugène Ysaÿe et a décroché une licence en histoire de l’art (musicologie) à l’ULB. Il fit connaître au grand public la vie et l’£uvre de cet immense interprète qui a influencé tant de répertoires, en publiant Eugène Ysaÿe et la musique de chambre et en écrivant le film A la recherche d’Eugène Ysaÿe. Puis il a longuement collaboré avec le concours Reine Elisabeth et a assuré la direction artistique du label Cyprès. Quand ce dernier tombe dans les mains d’un groupe qui  » ne lui plaît pas « , il décide de créer Fuga Libera. Dans la foulée, il reprend le label Ricercar, dédié à la musique ancienne et baroque.  » Mon raisonnement était le suivant : Nous n’avons pas de passé en production discographique, pas de label belge. Or je suis intimement convaincu qu’en Belgique nous avons des richesses inouïes, mais inconnues extra- et intra-muros. Cela dit, je ne me serais pas lancé dans cette aventure sans le soutien de notre distributeur AMG Benelux, une boîte solide.  »

Partenariats fructueux

Les débuts du petit  » binôme  » sont modestes. Très vite, Michel Stockhem a une bonne idée et propose à Outhere de le rejoindre. Pour rappel, Outhere est une maison de disques réunissant plusieurs labels de musique classique qui fait une belle carrière grâce à la passion et à la  » générosité  » de Charles Adriaenssen, industriel mélomane ayant fait fortune chez InBev.  » Ce soutien financier est essentiel, conclut Michel Stockhem. Ensemble, nous avons construit quelque chose de crédible. Fuga Libera a noué des partenariats fructueux avec, notamment, l’ONB, la chapelle musicale Reine Elisabeth et la Monnaie. Nous voulons offrir aussi une vitrine aux jeunes les plus doués. L’avenir ? Il est clair qu’il est un peu opaque, nous le regardons non sans inquiétude. Cela dit, si nous, les professionnels passionnés, on arrête… Nous nous sentons investis d’une mission, contre vents et marées… « 

BARBARA WITKOWSKA

 » en belgique, nous avons des richesses inouïes, mais inconnues « 

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