Pierre Havaux © A. DEHEZ

Malade à temps partiel

Au boulot. Jan Jambon (N-VA) en a fait le serment devant un parlement flamand tout ouïe à la lecture de sa déclaration de septembre: « Mon gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour mettre encore plus de gens au travail et atteindre un taux d’emploi de 80%. Tout ». Y compris arracher au fédéral le droit de mener une politique de l’emploi conforme à la réalité d’une Flandre qui gagne et s’accommode mal des inactifs alors que les bras et la matière grise viennent à lui manquer cruellement pour assurer sa prospérité.

Il tarde à ses dirigeants de remettre le pied à l’étrier aux chômeurs valides mais aussi à bien des malades de longue durée. Ils sont plus de 450 000 à être écartés pour ce motif du circuit du travail en Belgique depuis un an, 200 000 en Flandre à se retrouver sous certificat médical depuis au moins quatre semaines. Certes, il y a tant de détresse humaine derrière cette statistique mais il y a aussi un beau gâchis économique.

Est-on d’ailleurs bien sûr que parmi ces assignés à résidence ne gît pas une force de travail toujours bonne pour le service? Le Voka le croit. Et l’organisation du patronat flamand profite de l’air du temps pour faire oeuvre constructive. Et si la réintégration sur le lieu du travail passait par un changement de logiciel? Par positiver le pépin de santé en se focalisant sur ce qui fonctionne encore bien chez un malade? Voilà qui vous change le regard sur l’inaptitude à bosser.

Au diable le bon vieux certificat médical qui n’autorise que le tout ou rien, n’envisage que la sortie intégrale du circuit du travail pour un renvoi pur et simple à la maison. Il serait grand temps d’introduire de la nuance dans le diagnostic, de mieux cerner la compatibilité d’une maladie avec le travail. C’est là qu’une « fitnote » prendrait tout son sens: on y consignerait ce que le malade est encore en mesure de produire, la plus-value que son état de santé n’a pas entamé. Après tout, relève Hans Maertens, l’administrateur délégué du Voka, « une jambe cassée n’empêche pas de travailler à domicile » et ce genre de handicap est de moins en moins excusable à l’ère du télétravail. Bien sûr, cette inversion de logique supposera que le médecin de famille habilité à délivrer le certificat cède plus de terrain au médecin du travail.

Positiver le pépin de santé en se focalisant sur ce qui fonctionne toujours bien chez un malade.

Le Voka ne craint pas de prêcher dans le désert. Au nord du pays, la formule séduit la N-VA aussi bien que Groen. Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre fédéral des Affaires sociales, la salue également mais la juge peu praticable. Au fait, ne serait-elle pas constitutive d’une forme de mise sous pression d’un travailleur en état de faiblesse physique ou mentale? Le Voka balaie le vilain soupçon. L’appel patronal flamand sonne au contraire comme une exhortation à ne pas laisser les malades de longue durée au bord du chemin. Il se veut une main tendue au travailleur dépressif ou victime de burnout qu’il importe de remettre d’aplomb en ne le privant pas de tout contact avec son milieu de travail. Y a-t-il donc meilleur remède pour juguler le fléau de la maladie de longue durée? Sans doute, suggéraient massivement les membres des mutualités chrétiennes flamandes sondés à ce propos l’été dernier: de bons patrons.

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