Madame Pardon

En baisse dans les sondages, isolée dans le parti, l’ex-candidate à l’Elysée alimente la chronique pour sortir de l’ornière. Au risque de se nuire.

Face à un président toujours prompt à dénoncer la repentance, Ségolène Royal a choisi de faire l’inverse. Au nom de la France, elle demande désormais  » pardon  » et lave les péchés à tour de bras. A Dakar, le 6 avril, elle dénonce les errances du chef de l’Etat sur l' » homme africain « . Avant d’enchaîner, douze jours plus tard, par une lettre adressée à José Luis Zapatero, présentant des excuses pour des propos de Nicolas Sarkozy. Royal promet d’autres absolutions.  » Elle pourrait utiliser une lettre type tant le chef de l’Etat fait de bourdes avec nos voisins « , ajoute, dans un sourire, son fidèle lieutenant Jean-Louis Bianco.

Sauf que, cette fois, elle a raté son coup, au point d’aider, de manière bien involontaire, Nicolas Sarkozy. Alors qu’une polémique naissait, hors de l’Hexagone, sur l’arrogance du président, voilà qu’elle est balayée par une controverse franco-française, avec Ségolène Royal dans le rôle principal. Faire parler de soi ne suffit pas à gagner ses galons de femme d’Etat.

En effet, la présidente de la région Poitou-Charentes, qui voulait donner une leçon de  » mode d’expression  » au chef de l’Etat, a trébuché sur un contresens en commentant la remarque sur Zapatero,  » peut-être pas intelligent « . Elle aurait pu s’offusquer, à juste titre, des piques un brin suffisantes de Nicolas Sarkozy sur Angela Merkel ou Barack Obama, dont le sens ne souffrait aucune ambiguïté. Elle a préféré coller à la presse espagnole, qui a mal interprété une remarque du chef de l’Etat. Invité à l’Elysée lors du fameux déjeuner relaté par Libération, le député (Verts) François de Rugy témoigne sur son blog :  » Il était très clair que Nicolas Sarkozy faisait l’éloge de Zapatero, comme de Gordon Brown ou de Felipe Gonzalez, pour s’en prendre ironiquement aux socialistes français. « 

En choisissant de répéter les mêmes mots que lors de son voyage africain, Ségolène Royal prend aussi le risque de se parodier elle-même. Et, donc, de gâcher son joli coup de Dakar. Son discours au Sénégal, collectivement travaillé, l’avait posée en meilleure opposante à Sarkozy.

Elle ne veut plus en rester à son second tour raté

 » Elle avait obtenu un appui unanime du PS, chose rare « , note le député strauss-kahnien Jean-Jacques Urvoas. Cette fois, les socialistes ne se sont pas précipités pour l’aider. Beaucoup de proches de Royal ont été mis devant le fait accompli. François Rebsamen a seulement été informé par des SMS. De son côté, l’entourage de Martine Aubry l’a laissée s’enferrer sans la victimiser.

Ségolène Royal ne veut plus en rester à son second tour raté de la présidentielle, qu’elle rejoue sans fin. Les responsabilités la titillent.  » Avec 17 millions de voix et une parole qui porte dans l’opinion, Ségolène se sent codécisionnaire de la France « , analyse un dirigeant du PS. Mais sa chute dans les sondages se poursuit et sa condamnation définitive pour non-versement de salaires à deux de ses ex-collaboratrices, immédiatement exploitée par l’UMP, a achevé de ternir la séquence. Ses derniers fidèles ne perdent pas confiance.  » Elle est dans une course de fond, explique le député maire de Laval (Mayenne), Guillaume Garot. Elle installe la notion de respect comme l’une de ses lignes de force pour 2012.  » Elle a déjà connu des traversées du désert : lors du congrès de Reims, elle avait réalisé un impressionnant come-back.  » Chaque mois, ses adversaires disent d’elle que « c’est too much », commente Kamel Chibli, organisateur de sa prochaine Fête de la fraternité, en septembre. C’était le cas pour le Zénith. Et, chaque fois, elle resurgit. « 

Marcelo Wesfreid

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