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Madame la présidente

Perdu au milieu des champs, l’entité de Thisnes est un véritable petit village avec ses 10 km2 et sa population qui ne dépasse pas les 1200 âmes. Et au milieu de tout ça, un club de foot au nom rassembleur et présidé par une femme : le Wallonia Thisnes.

Thisnes, c’est un peu le bout du monde au milieu du monde. Logé au coeur des champs hesbignons, à 45 km de Liège ou Wavre, 30 de Namur ou encore 20 de Saint-Trond, ce tout petit village de l’entité d’Hannut a tout pour plaire à ceux qui aiment le calme et la campagne. Peut-être même un peu trop.  » Thisnes ne suit pas le foot. C’est difficile de faire sortir les gens de chez eux « , lance Mady Mulkens, la présidente du Wallonia.

Car c’est bien cela qui fait la particularité de ce petit club de troisième provinciale liégeoise : sa présidente.  » Depuis quand le suis-je ? Ouf ! Un peu plus de 15 ans. C’est quand nous avons créé l’équipe féminine. Il n’y avait pas d’hommes. Et quand on a arrêté les filles pour recommencer avec les garçons en 2011, je suis restée « , raconte Mady.

C’est même avec les hommes qu’elle se sent le plus à l’aise.  » C’est difficile les filles… Vraiment. Elles ont du caractère et n’acceptent pas qu’on leur fasse des remarques. Alors qu’avec les garçons c’est tout de suite plus simple. Peut-être que les femmes n’aiment pas être dirigée par une autre femme « .

Mady Mulkens le reconnaît, elle n’est pas du genre autoritaire :  » Je suis plutôt la mamie du club « , rigole-t-elle.  » Mais attention, quand il faut dire quelque chose, je le dis.  »

Une saison compliquée

La saison 2018-2019 du Wallonia Thisnes est loin d’être un long fleuve tranquille puisque le club est englué dans le fond du classement et presque résigné à jouer en P4 l’an prochain, après cinq années en P3.  » Mais tant qu’il y a de l’espoir, on y croit « , sourit timidement la présidente. Le soir où nous nous rendons au Wallonia, le club affronte Fraiture.  » C’est un match décisif. Comme ils le sont tous « , poursuit-elle.

Alors que le soleil commence à glisser derrière l’horizon, on s’inquiète, à seulement cinq minutes du début du match, de l’éclairage. Faut-il oui ou non allumer les spots du stade Haumont-Mottet ? Vingt minutes avant cela, certains joueurs arrivaient encore au stade. Calmement.

 » C’est un match qu’on rejoue « , nous explique un supporter.  » La dernière fois, il a été arrêté après 10 minutes à la suite d’une bagarre générale.  »  » On reprend à 0-1 ? « , s’interroge un autre supporter, alors que l’arbitre est prêt à débuter la rencontre. Non, on reprend bien à 0-0. Mais après seulement 5 minutes de jeu, c’est déjà 2-0, à la plus grande joie de la poignée de supporters présents.

On en vient à se demander comment le club en est arrivé là cette saison.  » L’équipe n’a jamais formé un groupe « , soupire la présidente.  » Il y a quatre clans et ils n’ont pas réussi à fusionner. La sauce n’a jamais pris. C’est dommage, parce que sur le papier, on avait de très bons joueurs.  »

Un développement bridé

Entre Thisnes et Fraiture, le match s’emballe. Les visiteurs reviennent rapidement à 2-1 et font même la jonction aux environs de la 20e. Un long ballon est dévié du dos par l’attaquant de Fraiture et surmonte le pauvre portier de Thisnes. En deuxième période, Fraiture passe devant peu après la reprise mais Thisnes trouve les ressources pour égaliser. Malheureusement, dans les arrêts de jeu, le capitaine adversaire, Vincent Dodeigne, vient claquer son troisième but de la soirée et faire 3-4. Ça sent la P4.

 » Descendre, ce serait une année de perdue « , soutient Mady Mulkens.  » On visera la remontée directe mais c’est compliqué pour nous de viser plus haut que la P3. Nous n’avons pas de jeunes et donc pas les mêmes facilités que d’autres clubs qui sont aidés par la commune. Mais je ne critique pas, je trouve cela normal. À Hannut et au Patro Lensois, les jeunes sont très bien entourés. Nous, on restera toujours un petit club de village. Une buvette, deux vestiaires et un terrain. « 

Mady Tulkens, une femme dans un monde d'hommes.
Mady Tulkens, une femme dans un monde d’hommes.© BELGAIMAGE
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