Les Verts espèrent

L’ancien groupuscule contestataire a bien changé. A Berlin et ailleurs, la formation écologiste ne cesse de marquer des points. Jusqu’où ira-t-elle ?

DE NOTRE CORRESPONDANTE

Le cheveu court, l’allure décidée, l’ironie facilement mordante, Renate Künast incarne à la perfection l’establishment politique de l’écologie allemande : même ses adversaires reconnaissent le  » sérieux  » et la  » compétence  » de cette ancienne ministre de l’Agriculture du gouvernement Schröder, devenue chef du groupe parlementaire des Verts au Bundestag.  » Elle a les idées claires et structurées, complète Irmgard Franke-Dressler, responsable des Verts berlinois. J’ai souvent l’impression qu’elle a au moins deux disques durs dans la tête qui tournent en permanence. « 

Ils n’effraient plus les électeurs

A 55 ans, Renate Künast pourrait devenir la nouvelle égérie des écolos outre-Rhin en s’emparant de la mairie de Berlin. Certes, les élections municipales n’auront lieu que dans un an – et l’intéressée n’a pas encore fait acte de candidature. Dans la capitale allemande, pourtant, la petite formation de contestataires d’il y a trente ans devance désormais le SPD de Klaus Wowereit, l’actuel maire, avec 28 % d’intentions de vote (contre 24 % pour les sociaux-démocrates). Au niveau national, une récente enquête d’opinion attribue 22 % d’intentions de vote au parti à la fleur de tournesol. Du jamais-vu depuis sa création.

Les Verts mobilisent plus que jamais : une manifestation antinucléaire a rassemblé, le 18 septembre, des dizaines de milliers de personnes dans la première ville du pays. A Stuttgart, même effervescence : le projet de gare ferroviaire souterraine, soutenu par le gouvernement conservateur du Bade-Wurtemberg, fédère de plus en plus d’adversaires, à quelques mois du scrutin régional du 27 mars prochain : les plus déterminés descendent chaque semaine dans la rue et tapent sur des tambours ou des casseroles pour exprimer leur colère. Dans cette région aussi, les écolos devancent le SPD dans les sondages. S’ils emmenaient la victoire de la gauche en mars, ils pourraient désigner l’un des leurs au poste de ministre-président, dans l’une des régions les plus riches d’Allemagne. Ce serait, là encore, une grande première.

Face à une coalition déchirée par les querelles de personnes, et à l’heure où le SPD peine à définir son cap, les Verts ont la sagesse de régler leurs divergences en interne – polissant ainsi leur image de professionnels de la politique se consacrant à l’essentiel. En outre, ils ne font plus peur :  » L’apparition récente de « Die Linke » (nouvelle gauche), dans un système qui compte désormais cinq formations, a obligé les écologistes à se décaler vers le centre, explique le patron de l’institut de sondages Emnid, Klaus-Peter Schöppner. Ils n’effraient plus les électeurs. Et ils partagent le pouvoir avec les conservateurs dans deux Länder. « 

A l’image des anciens squatters devenus architectes ou médecins, les Verts ont aujourd’hui une bonne situation.

BLANDINE MILCENT

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