Les miels urbains ont la cote

Alors qu’elles se font rares dans les campagnes, les abeilles des villes semblent se porter à merveille.

Face à ce constat, l’Union nationale de l’apiculture française propose depuis 2005 aux collectivités et entreprises françaises d’adopter une ou plusieurs ruches en pleine ville. Grâce à ce programme  » abeille sentinelle de l’environnement « , Paris, parmi d’autres métropoles hexagonales, ne compte pas moins de 200 à 300 ruches, réparties jusque sur les toits dela capitale. Chez nous, à Woluwe-Saint-Lambert, c’est le comptoir de vente privé Caméléon qui vient de mettre en pots quelques 59,5 kilos de miel produits en à peine cinq semaines par les 3 ruches placées sur le toit vert de son tout nouveau magasin éco-construit. Pour en arriver à ce succès, il a fallu passer au-delà des préjugés, explique avec enthousiasme Augustin Wigny, un des deux patrons de l’enseigne.  » On se posait la question de savoir s’il y avait des risques de piqûres. Mais depuis qu’elles sont là, on n’a jamais eu aucun problème. « 

Pour franchir ce cap, Caméléon a pu compter sur l’ASBl Apis Bruoc Sella à la tête de laquelle Marc Wollast se démène depuis quelques années pour la mise en £uvre de projets à vocation d’éducation à l’environnement autour de l’abeille, mais aussi pour le développement d’une filière miel à Bruxelles.  » En Belgique, on consomme 10 tonnes de miel par an, et on en importe 85 %. Avec seulement 10 apiculteurs semi-professionnels et aucun professionnel dans tout le pays, il y a des opportunités à prendre. « 

Contrairement aux idées reçues, le miel de ville n’est pas plus pollué que celui des champs. En 2004, une étude réalisée par l’ULB constatait que l’usage de l’essence sans plomb avait eu des effets miraculeux sur les teneurs en plomb du miel et des abeilles de Bruxelles.  » A dose alimentaire égale, souligne Marc Wollast, il n’y a pas plus de plomb dans le miel bruxellois que dans le lait de vache du reste de la Belgique.  » L’analyse des pollens du miel explique aussi en partie pourquoi les abeilles se portent mieux en ville que dans les campagnes.  » Des analyses de miel français ont révélé plus de 200 pollens d’espèces différentes en ville, contre une cinquantaine dans les campagnes.  » La diversité florale et le nombre d’arbres présents en ville contrastent avec le déclin de la biodiversité dans des campagnes de plus en plus uniformes.

ISABELLE LOODTS

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