Le capitaine Darius Battad dans la salle des commandes du Happy Pelican. Le chimiquier arrive dans le port du Havre et croise le Caribbean Princess, paquebot de croisière de luxe avec ses 900 cabines et suites. © Laure Boyer

Les marins invisibles

Eviter tout grain de sable, réduire le temps à quai, marteler les règles de sécurité… Derrière les façades d’acier des coques et des conteneurs, la place de l’homme se réduit, le marin est oublié, accessoire. Reportage au Havre, en France.

Dans les grands ports industrialisés, étendus, ultrasécurisés, les escales d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles d’autrefois. De plus en plus brèves et fréquentes, elles obéissent aux injonctions de rapidité et de sécurité du commerce globalisé. Règles de sécurité, contrôle des frontières, éloignement des centres-villes, disparition des bars et lieux de vie, tout s’oppose à la descente à terre des équipages. Originaires en majorité des Philippines, où les très nombreuses écoles de formation leur promettent de découvrir le monde gratuitement et d’avoir une fille dans chaque port, les marins s’endettent parfois pour payer leur formation. Mais le monde à découvrir se révèle limité à des ports-usines déshumanisés, des entrepôts ou parking gigantesques. Il ne s’agit plus alors que de faire vivre sa famille en passant des mois sur un navire. Confrontés à la solitude et à l’isolement en mer, ces hommes restent invisibles lors des escales.

Marin philippin consultant une des brochures éditées par l'ITF (International Transport Worker's Federation), qui prodiguent des conseils pour mieux vivre à bord.
Marin philippin consultant une des brochures éditées par l’ITF (International Transport Worker’s Federation), qui prodiguent des conseils pour mieux vivre à bord.© Laure Boyer
Rey Calayo, de Manille, est matelot sur le cargo roulier Grande San Paolo. Il ne descendra pas à terre durant les douze heures à quai au Havre.
Rey Calayo, de Manille, est matelot sur le cargo roulier Grande San Paolo. Il ne descendra pas à terre durant les douze heures à quai au Havre.© Laure Boyer
Choi Jeong Weon, chef ingénieur, à bord du  M/T Oriental Patriot. Sous pavillon panaméen,  le pétrolier appareillera pour Bombay. Choi Jeong Weon est le seul Coréen à bord, le reste de l'équipage est philippin. Il tient à poser avec son accordéon,  son unique loisir à bord.
Choi Jeong Weon, chef ingénieur, à bord du M/T Oriental Patriot. Sous pavillon panaméen, le pétrolier appareillera pour Bombay. Choi Jeong Weon est le seul Coréen à bord, le reste de l’équipage est philippin. Il tient à poser avec son accordéon, son unique loisir à bord.© Laure Boyer
Entrée de l'hôtel Les Gens de mer, au Havre.  Le Seamen's club, géré par l'association havraise d'accueil des marins, est au sous-sol.
Entrée de l’hôtel Les Gens de mer, au Havre. Le Seamen’s club, géré par l’association havraise d’accueil des marins, est au sous-sol.© Laure Boyer
Plusieurs marins se reposent dans le foyer du Seamen's club. Le temps de l'escale peut enfin être un moment  de détente, de calme  et de connexion avec la famille et les amis.
Plusieurs marins se reposent dans le foyer du Seamen’s club. Le temps de l’escale peut enfin être un moment de détente, de calme et de connexion avec la famille et les amis.© Laure Boyer
Praditsil Phithak a laissé  sa femme et ses filles en Thaïlande pour un contrat de dix mois à bord  de l'Emma Maersk.
Praditsil Phithak a laissé sa femme et ses filles en Thaïlande pour un contrat de dix mois à bord de l’Emma Maersk.© Laure Boyer
Originaire de Saint-Pétersbourg, German a signé un contrat  de dix mois à bord du Sambhar,  de l'armateur CMA CGM. Il ne se connecte pas car sa femme n'a plus envie de communications par Skype.
Originaire de Saint-Pétersbourg, German a signé un contrat de dix mois à bord du Sambhar, de l’armateur CMA CGM. Il ne se connecte pas car sa femme n’a plus envie de communications par Skype.© Laure Boyer
Marin philippin en contrat  sur le Maersk Edinburgh.
Marin philippin en contrat sur le Maersk Edinburgh.© Laure Boyer
En attente d'embarquement sur un nouveau  cargo devant l'entrée du Seamen's club.  Les marins sont devenus des ouvriers mondialisés.
En attente d’embarquement sur un nouveau cargo devant l’entrée du Seamen’s club. Les marins sont devenus des ouvriers mondialisés.© Laure Boyer
Deux marins philippins, dont le capitaine en second, à bord du chimiquier M/T Oriental Patriot. Ils ne sortent pas du cargo durant l'escale.
Deux marins philippins, dont le capitaine en second, à bord du chimiquier M/T Oriental Patriot. Ils ne sortent pas du cargo durant l’escale.© Laure Boyer
Junrey Canato est graisseur à bord du World Spirit. Ce Philippin s'occupe de la maintenance dans  la salle des machines. Le bruit est assourdissant  et la chaleur étouffante.
Junrey Canato est graisseur à bord du World Spirit. Ce Philippin s’occupe de la maintenance dans la salle des machines. Le bruit est assourdissant et la chaleur étouffante.© Laure Boyer

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