Les lendemains chinois qui déchantent

Entre les petits fours et les effets d’annonce dans le cadre des missions économiques en Chine et les retombées réelles sur le territoire wallon, il y a parfois un sérieux décalage. Pour preuve : Touchroad, à La Louvière, reste dans les limbes.

La seconde puissance économique mondiale ne génère encore que quelque 5 000 emplois en Belgique, dont la plupart sont situés en Flandre, chez Volvo Cars (rachetée par le chinois Geely) ou au port d’Anvers (Cosco, China Shipping). La marge de progression apparaît considérable quand on sait que la première puissance mondiale (les Etats-Unis) pèse quelque 9 000 emplois dans notre pays. Pour tenter de s’approprier une part du gâteau, le gouvernement wallon, en particulier, et son agence à l’exportation Awex ont multiplié les opérations de séduction auprès de potentiels investisseurs chinois : missions économiques princières, présence en force à l’Expo de Shanghai, réceptions à Namur, ouverture d’un Chinese Welcome Office à Mons, etc. La Wallonie y vend notamment son expertise logistique, au c£ur de l’Europe. A la clé : quelques annonces enthousiastes sous seing princier et de chaleureuses poignées de main ministérielles, qui ne doivent toutefois pas faire oublier que la patience est reine des vertus lorsqu’on veut faire des affaires avec les Chinois…

La meilleure preuve nous est donnée par Touchroad, active dans l’exportation de produits divers. Au printemps 2008, cette société de Shanghai, visiblement séduite lors d’une mission du prince Philippe un an plus tôt, annonce un investissement d’au minimum 4,5 millions d’euros dans la construction d’un centre logistique sur le zoning Garocentre, à Houdeng (La Louvière). On parle de la création de 20 à 30 emplois dans les trois à cinq ans. Touchroad a en effet l’intention de faire de Garocentre sa tête de pont européenne pour la distribution de textile et de bijoux, en provenance du… Botswana, où le groupe vient d’acheter une mine de diamant. Il est même question de collaboration avec Wallonie-Bruxelles Design Mode.

 » Un dossier compliqué « 

Anno 2012, toujours pas le moindre signe d’activité de Touchroad à Houdeng. Du côté de l’Awex, on cache difficilement son embarras autant que son impatience par rapport à ce  » dossier compliqué « , même si, précise-t-on, la société continue de payer les deux hectares de terrain qu’elle a achetés. Michel Kempeneers, directeur de la zone Asie pour l’Awex, explique avoir été informé  » d’un changement de priorité stratégique du groupe « , sans doute plus préoccupé pour l’instant par ses mines de diamant au Botswana. Nos questions directes à Touchroad sont restées sans réponse.

Le retard à l’allumage de Touchroad ne doit pas occulter les investissements passés de l’équipementier télécoms Huawei à Louvain-la-Neuve ou du leader des feux d’artifice Sinomax à Grâce-Hollogne.  » Et nous avons beaucoup de dossiers en passe d’aboutir « , laisse entendre Michel Kempeneers. Espérons aussi et surtout que la convention signée en avril dernier entre l’UCL et les autorités de Wuhan concernant la création d’un China-Belgium Technology Center (on parle ici de 100 millions d’investissements) tiendra toutes ses promesses.

Olivier Fabes

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