Les deux font la paire

Alain Destexhe et Vincent Van Quickenborne partagent la même foi inébranlable dans le libéralisme, l’envie de tailler dans la fonction publique, le goût des formules provocatrices. Et ils lisent tous les deux The Economist.

L’EX-PATRON DE MSF A FAILLI DEVENIR SOCIALISTE

On a du mal à le croire… Alain Destexhe, le parlementaire le plus radicalement libéral de la Belgique francophone, a un jour été gauchiste. Au moment de rejoindre Médecins sans frontières, en 1983, il croit dur comme fer dans les idées de René Dumont, qui fut, neuf ans plus tôt, le premier candidat écologiste à une élection présidentielle en France. Mais, bien vite, le jeune médecin tourne le dos à ses convictions tiers-mondistes.  » Lors d’une mission en Amérique centrale, j’ai visité le Nicaragua, alors dirigé par les sandinistes. J’ai vu ce qu’était le socialisme : une catastrophe économique et un détournement du pouvoir au profit d’une toute petite élite. Sans MSF, je serais aujourd’hui socialiste.  » Entré en politique, après avoir été secrétaire général de MSF de 1991 à 1995, Alain Destexhe a fait du PS sa cible privilégiée, quitte à verser de temps en temps dans l’outrance. Sur son blog, il qualifie Elio Di Rupo de  » bon petit dictateur d’une Région qu’il contribue à maintenir du côté du tiers-monde « .

Son bréviaire à lui ? L’hebdomadaire (libéral, bien sûr) The Economist, qu’il lit presque in extenso chaque semaine.  » Dans la politique belge, Van Quickenborne et moi sommes les deux seuls à y être abonnés « , précise Destexhe. Les deux compères partagent plusieurs faits d’armes. Au Sénat, en 2003, ils ont à eux seuls barré la route à une loi sur le prix unique du livre. Pour empêcher ce qu’ils considéraient comme une intervention intempestive de l’Etat, Van Quickenborne et Destexhe ont déposé plus de 300 amendements.  » Comme on était en fin de législature, la proposition n’est pas passée « , se félicite Destexhe. Le libre marché a eu chaud.

LE MINISTRE DE L’ÉCONOMIE AURAIT VOTÉ McCAIN

Dès sa nomination comme ministre de l’Economie il y a un an, Vincent Van Quickenborne s’est empressé de faire installer dans son cabinet les grands portraits de plusieurs économistes, penseurs et chefs d’entreprise : Adam Smith, Kafka, Steve Jobs, Henry Ford, Karl Marx, Richard Branson, Friedrich Hayek, Milton Friedman, John Maynard Keynes, Confucius, Madonna… Madonna ?  » Elle peut servir d’exemple. Elle a toujours fait preuve de la créativité et du dynamisme dont a aujourd’hui besoin l’économie. Je ne me prononce pas sur sa vie privée. Même si, là aussi, on pourrait parler d’esprit d’entreprise…  » Celui que tous surnomment désormais  » Q  » possède indéniablement le sens de l’humour. Mais son visage se crispe lorsque l’on évoque la fonction publique :  » Il y a trop de bureaucratie dans ce pays !  » lâche-t-il, menaçant. Son credo :moins d’impôts, un Etat plus petit, mais plus efficace. Il dénonce  » des idées complètement rétrogrades « , comme la réduction du temps de travail.

 » Aujourd’hui, tout le monde est devenu libéral, tranche-t-il. Les alternatives, comme le communisme, ont toutes échoué. Même avec la crise actuelle, on ne sent pas qu’une idéologie susceptible de concurrencer le libéralisme est en train de naître. C’est quand même remarquable ! Dans l’affaire Fortis, même parmi les socialistes, je n’entends presque personne affirmer qu’une banque d’Etat serait mieux gérée qu’une banque privée. « 

Est-ce un hasard si la région de Courtrai, d’où il vient, est parfois décrite comme le Texas flamand ? Grand partisan de l’american dream, Van Quickenborne ne cache pas ses sympathies pour le parti républicain. Volontiers à contre-courant, il avoue qu’il aurait préféré que la présidence des Etats-Unis échoie à McCain plutôt qu’à Obama.

F.B.

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