La zone humanitaire sûre instaurée par l'opération Turquoise : des vies sauvées mais aussi des génocidaires " protégés ". © HOCINE ZAOURAR/BELGAIMAGE

Les démons de l’opération Turquoise

La France n’en finit pas de questionner son rôle dans le soutien coupable aux dirigeants rwandais qui ont préparé et orchestré le génocide des Tutsi en 1994. Journaliste à La Croix, Laurent Larcher tente dans Rwanda, ils parlent (Seuil, 800 p.) d’éclaircir les zones d’ombre persistantes en confrontant les points de vue des différents acteurs (politiques, militaires, humanitaires, journalistes…). La principale a trait à l’opération Turquoise qui, à partir du 22 juin, avait pour objectif de mettre fin aux massacres. Cette mission était-elle uniquement humanitaire ? Ordre préparatoire à un raid sur Kigali, déploiement d’un équipement approprié à une mission offensive, opération programmée d’interposition face aux rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), livraison d’armes au gouvernement génocidaire : le doute sur la finalité de Turquoise a été conforté par le livre d’un capitaine du 68e régiment d’artillerie d’Afrique, Guillaume Ancel, Rwanda, la fin du silence (Les Belles Lettres, 2018). Les politiques et les militaires pro-Turquoise interrogés assurent que l’armement lourd déployé était une  » police d’assurance militaire  » contre une réaction violente du FPR, que l’objectif était de sécuriser la zone humanitaire pour y prévenir tout massacre (y compris des rebelles) et que si des armes ont été livrées après le début du génocide, c’était pour éviter que les soldats génocidaires ne se retournent contre les Français ou, selon l’ancien secrétaire général de l’Elysée Hubert Védrine, en vertu du respect des contrats signés… Démons de Turquoise, suite et pas fin.

Les démons de l'opération Turquoise

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